Pains européens

Le bon pain est fondamentalement le plus satisfaisant de tous les aliments; Et un bon pain avec du beurre frais, le plus grand des festins.” 

James Beard

Chez soi est toujours là où se trouve le bon pain. Il suffit pour ça de vous remémorer vos souvenirs d’enfance pour vous rendre compte que très peu de choses dans le monde évoquent autant la maison que l’odeur de pain frais. Mais cette odeur peut être très différente d’un pays européen à l’autre. L’odeur douce et chaleureuse de la baguette française n’a pas grand chose à voir avec l’odeur forte et sèche du Fjellbrød norvégien, ou de celle, salée et relevée de la Focaccia italienne. Les souvenirs associés au Bretzel allemand diffèrent sensiblement de ceux du Zsemle hongrois ou de la Pitka bulgare. Peu importe le type de pain, chacun évoque des expériences et des souvenirs différents – et tous sont le résultat d’un savoir-faire spécifique intégrant des siècles de tradition et de culture. Cette diversité est précisément ce qui rend l’Europe si riche et belle. C’est pourquoi une compilation des meilleurs pains européens est plus que nécessaire, ne serait-ce que pour rendre hommage à ce riche héritage. Et puis, comme on dit si bien, après tout: ça ne mange pas de pain !

Portugal

Papo Secos

Commençons par la quintessence du pain portugais: le Papo Secos, qui est le pain le plus consommé, partout dans le pays, à la fois en famille et dans chaque restaurant. Cette boule de pain dont le nom se traduit littéralement par “gorge sèche” est dure et croustillante à l’extérieur et légère et aérée à l’intérieur. Elle s’obtient avec 3 ingrédients seulement – de la farine, de l’eau et du sel (pas besoin d’huile ou de sucre). Ces petits pains croustillants sont parfaits pour composer vos sandwiches et pour absorber les sauces en plat ou les soupes et les ragoûts. Les Papo Secos étaient à l’origine cuits dans des fours en briques chauffés au bois. Les Portugais les mangent de préférence frais, quand ils sortent du four, ou en toast le lendemain. Les Papo Secos font tellement partie de la culture lusophone et de la gastronomie que souvent nos voisins portugais disent: “J’ai un “Papo Seco“” pour dire qu’ils ont besoin de boire quelque chose !

Espagne

Barra Gallega

Dirigeons-nous maintenant vers le nord-ouest de l’Espagne, en Galice, pour goûter la barra gallega, un pain croustillant avec une mie légère et aérée. Ce pain rustique traditionnel, avec 500 ans d’histoire à son actif, se conserve frais pour longtemps grâce à sa longue fermentation. Sa faible teneur en sel contribue également à garder son caractère croustillant pour de nombreux jours. C’est le pain artisanal par excellence ! Dans la première période de l’histoire hébraïque, les pèlerins de toute l’Europe parcouraient le chemin de Saint-Jacques avec un objectif commun: atteindre Santiago de Compostela, l’un des deux principaux centres de pèlerinage au monde. L’histoire dit que la barra gallega était un cadeau donné à chaque pèlerin dans les villages le long de la route de Santiago pour les empêcher d’avoir faim durant leur long périple.

France

Baguette

Comment les Français pourraient-ils vivre sans leur baguette ? Soyons honnêtes : la baguette fait partie intégrante de notre psyché collective liée aux Français et reste l’un des stéréotypes les plus communs qui leur sont associés. Si vous ne l’avez jamais goûté, ou en d’autres termes, si vous vivez sur une autre planète, c’est un pain mince et allongé, composé à partir d’eau, de farine, de levure, de sel, instantanément reconnaissable par des fentes coupées en surface avant la cuisson pour permettre au gaz de sortir. Saviez-vous que, jusqu’en 1920, le mot Baguette n’était pas utilisé pour désigner un type de pain ? La Baguette, comme nous la connaissons, est bien sûr beaucoup plus ancienne que son nom actuel : des pains longs, sinon larges, étaient déjà dans les boulangeries au temps du roi Louis XIV, et des pains longs et minces depuis le milieu du XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, certains étaient même beaucoup plus longs que la Baguette actuelle.

Islande

Rúgbrauð

Les Islandais ne le font jamais comme les autres ! Lorsqu’ils cuisent leur pain de seigle traditionnel, également appelé Rúgbrauð, ils le font dans des fours géothermiques naturels ! Tout est réellement dit dans le nom de ce pain surprenant : Rúgbrauð signifie simplement “pain de seigle cuit dans un geyser”. Cela peut sembler étonnant, mais ces pains sont en effet cuits pendant 24 heures dans la vapeur d’un geyser. En raison de son long processus de cuisson lente, ils sont très sombres, denses et humides. Pour l’expérience islandaise complète, le Rúgbrauð est vraiment délicieux avec un saumon fumé ou de l’agneau. Mais ne vous inquiétez pas: si vous n’avez évidemment pas accès à un geyser pour les faire cuire, vous pouvez aussi faire cela dans un four normal. Oh j’oubliais ! La consommation excessive de ce pain pourrait, dit-on, causer la flatulence, ce qui aurait donné au pain le surnom de þrumari, ce qui se traduit approximativement par “le pain du tonnerre”. Classe ! Mais vous ne pourrez pas dire que vous n’aviez pas été prévenu !

Irlande

Soda bread

Jettez votre levure à la poubelle ! Parce qu’en Irlande, vous n’en aurrez pas besoin pour faire cuire le délicieux Irish Soda Bread ! Utilisez du bicarbonate de sodium à la place, et mélangez-le avec de la farine, du bicarbonate de soude, du sel et du babeurre! Appêtissant et sain, le Irish Soda Bread surgit à presque tous les repas, et est si universel que sa plus commune appellation est simplement “pain brun” ou “pain de blé”. En Irlande, le Irish Soda Bread “ordinaire” est autant susceptible d’être consommé comme accompagnement à un repas principal (pour absorber la sauce) que de servir de tartine pour le petit déjeuner. Il est disponible en deux couleurs principales, brun et blanc, et sous deux formes différentes: en tant que gâteau ou en tant que petit pain. L’avantage de ce pain est sa capacité à être préparé rapidement et de manière fiable, sans avoir besoin d’une main-d’œuvre qualifiée et de contrôler le niveau de température comme pour les pains de levure traditionnels.

Royaume-Uni

Coburg Loaf

Comme d’habitude avec nos amis britanniques, l’histoire n’est pas loin quand il s’agit de gastronomie. C’est encore une fois le cas avec leur pain de Coburg – un style de pain de blé rond et croustillant, avec des coupes radiales en forme de couronne au sommet. Le pain de Coburg est devenu populaire à l’époque victorienne, qui tient sans doute son nom du mari de la reine Victoria, le Prince Albert Saxe-Coburg-Gotha, comme beaucoup de choses à l’époque. Le public britannique était fasciné par le couple royal, et a adopté de nombreuses traditions allemandes, comme celle de nommer un pain d’après un monarque. Une autre explication est qu’un boulanger allemand vivant à Londres lui aurait donné son nom de famille, bien qu’on ne retrouve aucune trace de ce boulanger. Les pains eux-mêmes étaient certainement présents avant l’ère victorienne, des siècles plus tôt en fait.

Norvège

Fjellbrød Si vous êtes plutôt adeptes des pains denses et copieux, sans sucre et bourrés de graines savoureuses, et si vous voulez faire cuire votre pain à la maison avec des ingrédients du garde-manger, le Fjellbrød, un pain de montagne norvégien, est tout ce dont vous avez besoin: il coche toutes les cases et est également incroyablement facile à faire. Il n’y a pas de pétrissage, d’épreuvage, ou même de préchauffage du four nécessaires – il suffit de mesurer, remuer et enfourner. Le Fjellbrød est rempli de toutes sortes de graines, il n’est pas fait avec de la farine blanche mais avec un mélange de farine de blé entier et de seigle, plus un peu d’avoine. Dans les recettes de pain ordinaires, il faut toujours un certain temps pour laisser la pâte lever, et la plupart du temps, vous devez également le laisser refroidir. Avec le Fjellbrød, rien de tout ça !

Suède

Tunnbröd Direction le grand Nord maintenant, dans une des régions les plus froides d’Europe: le nord de la Suède! Là, nous serons en mesure de profiter du Tunnbröd, ou “pain mince”, qui appartient à la cuisine du nord de la Suède où les ménagères partagent encore aujourd’hui parfois une boulangerie commune pour le produire. Comme son nom l’indique, le pain est très mince, pour certaines raisons historiques et climatiques (pour toute l’histoire, je vous suggère de jeter un coup d’œil à cet article). Le Tunnbröd peut, soit être cuit peu de temps pour devenir un pain doux que les Suédois roulent et mangent à la manière d’un burrito, c’est à dire, combiné avec de la purée de pommes de terre et du hareng rôti. Soit ils peuvent le faire cuire un peu plus longtemps pour obtenir un pain plus dur semblable au “knäckebread”. Quoi qu’il en soit, il a un goût impressionnant et est parfait pour les pique-niques, les petits déjeuners et les dîners, tout au long de l’année…

Finlande

Ruisreikäleipä

Y a t-il un trou au milieu de votre pain? Si oui, alors c’est peut-être un Ruisreikäleipä finlandais ! Ces pains sont moins sucrés et même amers en Finlande par rapport aux autres pays d’Europe du Nord. Adoptant les techniques de cuisson de la Scandinavie de l’Ouest et de la Russie de l’Est, la Finlande utilise le seigle et la farine d’avoine pour faire son Ruisreikäleipä, également connu sous le nom de “pain troué”. Traditionnellement, un trou était percé au centre des pains avant sa levée afin que les pains cuits au four puissent être enfilés sur des poteaux qui s’étendaient à travers le plafond des cuisines. Là, ils pendaient, séchant à l’air (et à l’abri des souris) le temps nécessaire. Les poteaux servaient aussi de lieu de stockage pour que le pain vieillisse, sous ses nombreuses formes, pendant le long hiver. La façon dont il est préparé est en somme liée à la façon dont les maisons étaient construites en Finlande occidentale, c’est-à-dire avec le four séparé du chauffage.

Danemark

Rugbrød

Les Danois sont mondialement connus pour leur amour du Rugbrød. Ce type particulier de pain de seigle brun nutritionnel peut être trouvé dans tous les supermarchés et les boulangeries locales à travers le Danemark. Ce qui rend ce pain si spécial, c’est qu’il est très faible en graisse, ne contient pas d’huile ou de sucre et est riche en grains entiers et en fibres alimentaires. Il est considéré par beaucoup de Danois comme une alternative très saine aux types de pain blancs. C’est un pain simple qui peut être fait sans équipement spécial, à part un long et étroit pan. Pour la cuisson du pain, la recette originale requiert normalement d’utiliser un moule Pullman de 33 centimètres, sorte de grande casserole étroite avec un couvercle, généralement utilisé pour faire de la pain de mie. Riche et épicé, le Rugbrød est délicieux accompagné d’une tranche de fromage vieilli et de petits légumes.

Pays-Bas

Tijgerbrood

Est-ce un tigre? Est-ce une girafe? Non! C’est un pain croustillant hollandais, le bien-nommé Tijgerbrood ! À l’intérieur, c’est un pain blanc normal, moelleux et savoureux, mais à l’extérieur, c’est une croute croquante et brute – comme un tigre ! Il est facile de voir pourquoi ce joli pain porte son nom. Les taches de tigre sont obtenues en couvrant la pâte avec un mélange de farine de riz, de sucre, de levure et d’huile de sésame grillée. Le parfum du sésame est fantastique et il est difficile de résister au grignotage de ces morceaux croustillants légèrement sucrés sur le pain. Le Tijgerbrood est originaire des Pays-Bas, où il est vendu au moins depuis le début des années 1970, mais il est également populaire au Royaume-Uni, à San Francisco et dans d’autres parties de la côte ouest des États-Unis. Juste pour une fois en gastronomie, nos amis hollandais disposent de l’ingrédient le plus appétissant de cette liste !

Belgique

Pistolet

Alors que tout le monde en Belgique est familier avec le Pistolet, cette délicieuse petite boule de pain avec une fente au milieu, sa mie molle et sa croûte croustillante, la vérité est qu’il n’a pas toujours eu cette forme ou ce goût croustillant : il a fallu plusieurs siècles pour que le Pistolet atteigne l’âge adulte et devienne si savoureux. Et son nom? On suppose qu’il provient de son prix de l’époque (un pistole, une sorte de pièce de monnaie ancienne) ou du mot latin pistor, qui signifie “meunier”, et qui par glissement sémantique au Moyen-Age en est venu à désigner le boulanger. Qu’on se le dise, le Pistolet fait partie intégrante du patrimoine alimentaire de la Belgique apprécié à la fois par les petits et par les grands. Le Pistolet est aussi belge que Tintin, le Manneken Pis ou l’Atomium et le sera toujours ! N’essayez pas de le demander à l’étranger, le boulanger pourrait penser que vous vous lancez dans un hold-up…

Allemagne

Bretzel Le bretzel idéal, tel que servi en Allemagne, a une croûte brune, foncée, croustillante, salée, et une mie molle et savoureuse. Il a un “corps” dodu, et de minces bras croisés et croustillants mais pas secs. Bien que les origines exactes du Bretzel restent mystérieuses, la légende raconte que l’histoire a commencé vers 610, lorsque des moines italiens ont présenté à leurs jeunes étudiants des gâteaux de pâte cuite tortillée en forme de bras croisés. À l’époque, croiser les bras était la posture traditionnelle pour prier. Au fur et à mesure que la coutume s’est répandue dans l’Europe médiévale, les trois trous du bretzel en sont venus à representer la Sainte Trinité – le Père, le Fils et le Saint-Esprit – et donc associé à la chance, à la longue vie et à la prospérité. Les bretzels aujourd’hui continuent d’être formés à la main comme cela a toujours été le cas tout au long de l’histoire. Les apprentis boulangers passent des années à perfectionner leur technique de préparation du bretzel, alors profitez-en !

Autriche

Wiener Kaisersemmel

Ils sont courts, beaux, croustillants et appartiennent au riche folklore d’Autriche. Non, je ne parle pas de contes de fées ou de créatures autrichiennes, mais du fameux Wiener Kaisersemmel – ou en français, les “rosettes impériales”. Il s’agit généralement de boules rondes croustillantes faites de farine blanche, de levure, de malt, d’eau et de sel. Le dessus est habituellement divisé symétriquement en cinq segments ressemblant à une couronne. Les Wiener Kaisersemmel existent sous cette forme reconnaissable depuis au moins avant 1760. On pense qu’ils ont été nommés ainsi en l’honneur de l’empereur (Kaiser) François-Joseph Ier d’Autriche (1830-1916). Avec sa connotation monarchale, les rosettes impériales se sont distinguées des boules de pains normales, plus connues sous le nom de Mundsemmeln (“boules de pain pour la bouche”) ou Schustersemmeln (“boules de pain du cordonnier”).On les trouve traditionnellement en Autriche, mais également dans d’autres pays de l’ancien Empire des Habsbourg.

Suisse

Zopf

Les Suisses aiment le bon pain et ils sont d’excellents boulangers. Le dimanche, ils aiment déguster leur célèbre Zopf, un pain de lait sucré cuit en tresses. On le sert généralement avec du beurre et de la confiture, mais il peut également être savouré avec des fromages à pâte molle et des charcuteries. C’est, en somme, à la fois un pain de petit déjeuner et un pain de dîner. Dans la plupart des foyers, le Zopf est traditionnellement préparé le vendredi soir et mangé le dimanche matin avec d’autres produits traditionnels pour le petit déjeuner. Bien qu’il n’y ait pas eu d’histoire sur ce pain en particulier, les légendes locales nous apprenent que son origine remonte au XVe siècle. La coutume (étrange) raconte que les veuves, à l’époque, coupaient leurs tresses et les enterraient avec leurs maris. Avec le temps, le Zopf s’est inspiré de ces cheveux tressés. La coutume était plus observée à Berne que dans les autres parties de la Suisse. Cependant, le pain est aujourd’hui savouré partout dans le pays.

Italie

Focaccia

Sentez-vous l’arôme appétissant d’une délicieuse pizza ? Oui ? C’est normal, c’est parce que vous pensez à la Focaccia, l’un des pains les plus populaires et les plus anciens d’Italie. C’est un pain plat cuit au four, semblable dans le style et la texture à la pâte à pizza, et qui peut être accompagné d’herbes, d’oignons, de fromage et de viande et être assaisonné avec de l’huile d’olive ou du sel.En fait, une simple pâte de focaccia se prête à tant de variations qu’une fois que vous aurez maîtrisé la pâte, vos options seront infinies. La Focaccia vient essentiellement des rives nord de la Méditerranée et tire son origine de l’antiquité classique. Les premières versions étaient cuites sur le foyer d’un feu brûlant, ou sur un carreau chauffé ou un disque de terre cuite. Comme cela se faisait dans le passé, les boulangers piquent encore aujourd’hui le pain avec un couteau pour enlever les bulles à la surface du pain.

Tchéquie

Knedlíky

Pouvons-nous dire que les Knedlíky font partie de la famille du pain ? Certainement, car on peut les préparer soit avec du blé, soit avec des pommes de terre, soit à partir d’une combinaison de farine de blé et de dés de pain. Ces boulettes de pain cuites à la vapeur et en tranches sont l’un des piliers de la cuisine tchèque et sont généralement servis au cours des repas. À l’origine, le mot tchèque de “knedlik” ou “knedliky” était utilisé pour une recette de boules de pain de viande et de pain reconstitué. Dans le passé, ces boulettes n’étaient pas seulement un plat d’accompagnement, mais étaient servies comme plat principal, principalement dans les zones les plus pauvres du pays. De nos jours, cette spécialité de la cuisine tchèque a la réputation d’être peu équilibrée et riche en calories. Mais elles ont si bon goût ! Lorsqu’elles sont servies comme restes, les boulettes sont parfois poêlées en tranches avec des œufs. Vous devriez certainement goûter !

Slovaquie

Rožky

Si vous êtes déjà allé en Slovaquie, vous connaitrez certainement ces mini-baguettes légèrement courbées appelées rožky. Ces petits pains cuits au four font partie intégrante de la cuisine traditionnelle slovaque.Pour la plupart de nos amis slovaques, le rožky évoque les souvenirs d’enfance, associés au moment où leur mère en déposait un dans leurs sacs d’école pour la récréation. Leur forme est très spécifique en raison du fait que la pâte est découpée en triangles et roulée en une forme tubulaire et légèrement incurvée. La cuisson de ces petits pains est vraiment facile, et vous n’avez pas besoin de machine à pain pour y parvenir. Tout ce que vous aurez besoin est de la farine, du lait, de l’huile, de la levure, du sel et du sucre. Il vous faudra environ 20 minutes de travail réel, deux heures pour laisser lever la pâte et 20 minutes de cuisson. Alors êtes-vous prêt à faire cuire votre premier rožky ?

Pologne

Obwarzanek krakowski

Ce pain, les gars, est si populaire et traditionnel qu’il a même obtenu le statut de produit régional avec indication géographique protégée !Obwarzanek krakowski : vous aurez peut-être des difficultés à le prononcer, mais vous apprécierez certainement son goût. Ce pain en forme d’anneau tressé est d’abord bouilli et saupoudré de sel, de graines de pavot, de graines de sésame, de graines de nigelle, d’herbes mélangées ou d’épices mélangées avant d’être cuit au four. Il a une mie blanche, sucrée et onctueuse sous une croûte dorée irrésistiblement croquante. Le goût est sucré, ce qui est typique des produits de boulangerie qui sont d’abord étuvés puis cuits au four. Traditionnellement vendu dans des petits chariots sur les rues, c’est un snack populaire dans la ville polonaise de Cracovie, qui lui a d’ailleurs donné son nom. On en retrouve une première mention le 2 mars 1394, qui décrit le produit en utilisant à la fois son nom polonais et son équivalent en latin médiéval polonais, “circuli” soit “anneaux” : “pour la reine, pour les anneaux d’obwarzanki, 1 grosz”.

Lituanie

Juoda Ruginė Duona

Le pain a toujours été un aliment de base en Lituanie. La fabrication du pain est une tradition ancienne, bien que très peu de personnes cuisent le pain à la maison de nos jours. En fait, il existe encre une vieille croyance en Lituanie que le pain est plus précieux que l’or. Les Lituaniens croient par exemple que leur pain les sauvera de toutes sortes de maux et de calamités. De nos jous, encore, les Lituaniens placent un morceau de pain dans les fondations de leur nouvelle maison pour se prémunir de tous les mauvais présages et des catastrophes naturelles. Au centre de cette culture est le Juoda ruginė duona – l’un des pains les plus traditionnels de Lituanie. Ce pain de seigle noir est fabriqué uniquement avec de la farine de seigle, de la levure et de l’eau. Tous ces ingrédients sont combinés dans des proportions uniques, cuits au four puis placés dans un endroit froid.

Lettonie

Rupjmaize

Le véritable pain de seigle noir letton, le Rupjmaize, est fabriqué à la main, levé dans de petits pots de bois et cuits dans un vrai four à briques. Ce pain doit se prendre au sérieux en Lettonie : sa technique de préparation et ses matières premières sont certifiées par le Centre national de l’environnement et de la santé de Lettonie ! Le pain de seigle a toujours été l’un des aliments de base dans les foyers lettons et, encore aujourd’hui, représente une composante symbolique de l’identité nationale lettone. Le Rupjmaize doit son caractère spécifique à sa recette séculaire et à sa technique très spécifique de préparation, qui n’implique pas l’utilisation de levure. En Lettonie, les bébés tètent leur petit bout de pain de seigle. En prévision de leurs longs voyages, les marins de la Baltique remplissent les cales de leurs navires avec, et le conservent pendant des mois. Les Lettons ont aussi coutume de faire tremper leur pain de seigle dans du lait et des oeufs brouillés pour faire du pudding de pain. Le Rupjmaize sert aussi à la réalisation d’un dessert letton remarquable, le Rupjmaizes kartojums.

Estonie

Must Leib

Au lieu de souhaiter un “bon appétit”, les Estoniens sont enclins à dire jätku leiba (“que votre pain dure”). C’est en somme plutôt normal dans un pays où il existe au moins trois noms différents pour le mot “pain”. Voilà de quoi déjà comprendre en quoi les Estoniens prennent leurs pains très au sérieux. Si vous voulez donc prendre les choses tout autant au sérieux, essayez le Must Leib ) c’est un ‘must’ (vous m’excuserez pour ce pauvre jeu de mots …). Le Must Leib, ou, en français, “le pain de seigle noir” est en fait un cadeau sain et très original à rapporter de votre voyage en Estonie. Vous trouverez une gamme de différentes options avec une croûte croustillante mince dans toutes ses formes et tailles dans tous les supermarchés lettons ou dans les épiceries spécialisées. De nombreux restaurants servent également ces petits pains fraîchement cuits au four à partir de leurs propres recettes tenues secrètes. Dans tous les cas, ce pain local devrait sans aucun doute aguicher vos papilles gustatives.

Biélorussie

черный хлеб (Chor-nee klebph)

En Biélorussie, la fierté de la cuisine nationale est son pain traditionnel de farine de seigle cuit au four. Au lieu d’utiliser de la levure, les Biélorusses utilisent un levain spécial. Le pain biélorusse est plus lourd et est un peu aigre. Dans les anciennes recettes, on utilisait différents additifs comme des graines de carvi, des graines de lin et des graines de tournesol. Le pain était parfois cuit sur un ‘matelas’ fait de feuilles de bouleau ou de chêne. Autrefois, on faisait cuire la pâte dans les braises du four, on la plaçait sur du chou ou des feuilles d’érable, on la couvrait d’un chiffon pour la refroidir et on la saupoudrait de sel avant de la manger. À savoir, la Biélorussie doit importer une grande partie de son blé, en partie à cause des effets de Tchernobyl et en partie aussi du fait du climt, où les étés sont courts et humides et rendent la culture du blé difficile. De ce fait, la culture du seigle est beaucoup plus facile en Biélorussie, et le pain de seigle est ainsi beaucoup plus accessible.

Ukraine

Паляниця (Palyanytsya)

Depuis les temps anciens, le pain a une position spéciale non seulement dans la cuisine ukrainienne, mais aussi dans la culture ukrainienne. Même aujourd’hui, le pain joue un rôle important dans différentes cérémonies traditionnelles comme les mariages ou les funérailles. Il était par exemple interdit de jeter du pain, et si une tranche de pain tombait  accidentellement par terre, elle devait être ramassée, embrassée par celui qui l’avait ramassé et remis sur la table. Aujourd’hui, cette tradition est rarement suivie, mais dans toutes les coutumes folkloriques ukrainiennes, le pain joue un rôle très important. En particulier, le pain au sel appelé Palyanytsya est étroitement lié à l’esprit d’hospitalité en Ukraine. Vous trouverez même des ambassadeurs ukrainiens présenter ce pain aux familles royales du monde entier. Le Palyanytsya est en particulier réputé pour être difficilement prononçable pour les non-ukrainiens !

Roumanie – Moldavie

Lipie

On dirait un pain pita, mais ce n’est pas le cas. Permettez-moi de vous présenter le Lipie roumain, un pain rond fait avec de la farine de blé. Il est rond ou ovale, légèrement levé ou plat, préparé normalement à partir de pâte sans levain composée de farine et de plusieurs céréales. Le Lipie est connu depuis le 16ème siècle. Il fait tellement partie de la culture roumaine que vous pouvez même le retrouver sur certaines tapisseries roumaines et dans l’art religieux. Un  Lipie du 17ème siècle a été découvert dans une maison dans le village médiéval de Dolheşti, ce qui a donné au Lipie le nom de “pain de Dolheşti”. Le pain est un sanctuaire pour les Roumains. Comme dans de nombreux pays méditerranéens, le pain est servi à presque tous les plats, en particulier en campagne. Chaque petit village a encore aujourd’hui son moulin à pierre où les gens peuvent apporter leur petite production de céréales pour obtenir leur propre farine.

Hongrie

Zsemle

À côté de son célèbre croissant, le pain hongrois, appelé Zsemle est l’autre produit de boulangerie fondamentale en Hongrie. Les Hongrois ne partagent pas l’opinion des Nordiques selon laquelle le pain brun est moralement et nutritionnellement meilleur que le pain blanc. C’est pourquoi ils apprécient tellement leur Zsemle. Ce pain de tous les jours est une véritable boule de pain, à la fois légère et onctueuse à la fois. Ces petits pains ronds, mangés coupés en deux, avec du beurre, de la charcuterie ou de la confiture peuvent être transformés en sandwich pour le petit déjeuner ou l’après-midi. Mais il apparaît également dans plusieurs plats hongrois, où de nombreuses recettes utilisent le Zsemle comme base pour diverses farces, comme le fasirt ou le zsemlegombóc. Si vous vous demandez d’où provient le mot Zsemle, il est originaire du mot allemand semel (qui signifie “la plus fine des farines”) et du mot latin similaire (signifiant “la meilleure farine”). Tout cela semble très prometteur !

Slovénie

Krompirjev Kruh

Passons à la Slovénie et son délicieux pain de pommes de terre, ou, comme on l’appelle dans le pays, Krompirjev Kruh. Ces pains slovènes sont des pains humides avec une crème jaunâtre qui sont délicieux dégustés frais, avec du beurre ou de la confiture, ou grillés quand ils commence à durcir, ce qui est assez rapidement puisque ce pain n’utilise pas de conservateurs. Sa mie humide le maintient toutefois frais pendant quelques jours. Ce pain peut également être offert, donc si vous avez le temps, divisez-le au moment de préparer la pâte en quatre parties et faites la cuire dans des moules. En Slovénie, ces cadeaux sont toujours appréciés par des amis ou des parents en visite. A propos de pain, notez que la Slovénie dispose d’un riche patrimoine en la matière, entre les délicieux pains de seigle, les pains de mariage tressés, les rouleaux de Pâques aux figues ou les pains d’olive ou de noix. Laissez-vous surprendre par cette riche culture du pain slovène !

Croatie – Serbie – Bosnie-Herzégovine – Monténégro – Kosovo

Lepinja

Ce pain populaire, connu aussi dans certaines régions sous le nom de lepinje ou somun, est dégusté tout le long de la côte orientale de la Méditerranée (et loin à l’intérieur des terres). Il est de loin l’accompagnement préféré pour apprécier la cevapcici, cette viande savoureuse. Ce pain plat, vaguement similaire à du pain pita, se cuit dans un four traditionnel. Il contient non seulement de la levure, mais aussi de la poudre à pâte qui permet d’aérer la pâte et de la rendre plus légère. Deux couches se forment pendant la cuisson et ouvrent une poche centrale creuse. le Lepinja peut être ouvert sur un côté et rempli comme un sandwich, ou coupé en deux ou quatre pour faire des petits sandwichs. Le Lepinja se distingue des autres pains plats d’Europe centrale et orientale par son intérieur tendre, spongieux, ressemblant au muffin anglais. Le Lepinja reste frais pendant 2 ou 3 jours dans un contenant hermétique. Mais après cela, comme tous les pains, il va commencer à sécher.

Albanie

Bukë misri

Le pain fait partie intégrante de la culture et de l’hospitalité albanaises. Ne dit-on pas, d’ailleurs, en Albanais “për të ngrënë bukë” qui signifie “aller manger du pain” au lieu de “prendre un repas” ? De même, n’utilise-t-on pas l’expression albanaise traditionnelle “bukë, kripë e zemër” (en français, “du pain, du sel et du cœur”) pour accueillir et honorer ses invités ? Il n’est donc pas surprenant que leur bien-aimé Bukë misri (pain de maïs) soit toujours aussi présent sur la table albanaise. Le pain de maïs est en fait l’une des premières traditions culinaires albanaises et est souvent considéré comme le pain des Anciens. Les plus vieilles générations ont encore à l’esprit les Bukë misri qu’elles mangeaient pendant des périodes difficiles: une nourriture très saine qu’elles partageaient dans leurs familles nombreuses. Le contenu principal de ce pain est certainement la fécule de maïs dont le grain est riche et bénéfique pour le corps humain. La farine de maïs est une source de fibres qui, non seulement aide la digestion, mais absorbe également le cholestérol et réduit la glycémie.

Bulgarie – Macédoine du Nord

питка (Pitka)

En Bulgarie, on cuit ce pain spécial à chaque vacances. Il est décoré de différentes façons, selon les traditions établies. La forme la plus populaire du pain, qui est présent quotidiennement sur la table des familles bulgares, est un petit pain plat standard. Il est préparé avec de la farine, de la levure, de l’eau, du sel, du beurre ou d’autres graisses. Les pains rituels sont également fabriqués à partir de cette même recette, mais ils ont des formes et des décorations différentes, selon la saison, les fêtes célébrées ou l’imagination de l’hôte. Dans le passé, toutes les femmes bulgares apprenaient à préparer le pain peu de temps après avoir appris à marcher et à parler. Il existe même un dicton qui révèle l’attitude des Bulgares envers leur pain : en Bulgarie, dit-on, “Personne n’est plus grand que le pain”.

Grèce – Chypre

χωριάτικο ψωμί (Horiatiko Psomi)

En Grèce, il existe différents types de pains pour différents types d’occasions. Mais dans les villages et surtout dans les îles, le pain classique χωριάτικο ψωμί, prononcé ‘Horiatiko Psomi’, était autrefois l’aliment de base des Grecs et reste encore une référence aujourd’hui. Il est toujours cuit chaque semaine dans des fours à bois en extérieur. Tous les samedis, les fours de la ‘ruche’ du village s’allument et l’air se remplit de cet arôme merveilleux de ce pain épais et croustillant. Le Horiatiko Psomi, qui signifie “pain du village” ou “pain de pays” est plus dense que les autres types de pain (le pain mesure environ 30 cm de diamètre et pèse près d’un kilo) et peut être fait avec une variété de farine ou une combinaison de plusieurs. Sa densité en fait un compagnon idéal pour les sauces et les assaisonnements à l’huile d’olive.

Turquie

Ekmek La base de la nourriture turque par excellence est bien sûr la pâte faite à partir de farine de blé. Outre le Ekmek, un simple pain au levain de l’ordre des pains ordinaires blancs, les Turcs profitent d’une grande variété de pains spécifiques et délicieux. Les boulangers de la période ottomane croyaient qu’Adam, patron des boulangers, avait apprit à faire du pain par l’archange Gabriel, après son expulsion du jardin d’Eden. Évidemment, le secret des recettes est encore tenu très chèrement secret par les boulangers turcs car aucun autre pain n’a le goût si caractéristique du pain quotidien turc. Chaque quartier a une boulangerie qui produit ces pains croustillants deux fois par jour, matin et après-midi, remplissant les rues de leur arôme irrésistible et chaleureux.

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