“Il faut dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen“
Madame de Staël
Oui, “toutes les routes mènent à Rome“, laquelle “n’a pas été construite en un jour“. Ce n’est pas nouveau, et on retrouve ces proverbes un peu partout en Europe… Mais les Européens ont aussi pour notre plus grand bonheur d’autres dictons et expressions spécifiques liés aux nationalités européennes. On sait tous que “d’aller se faire voir chez les Grecs” n’est pas vraiment une invitation à un voyage découverte en Grèce Antique… Ce que l’on sait moins, par contre, c’est que les Espagnols “jouent au suédois” lorsqu’ils font semblant de ne rien savoir… Que les Roumains “volent la pipe d’un Allemand” pour se saouler… Que les néerlandais, eux, paniquent fortement quand ils “ressentent une tension espagnole“. Et que les Slovènes “vont à Rome” pour accoucher! La liste ci-dessous des expressions européennes est une première compilation de tous ces dictons traditionnaux qui portent sur les nationalités européennes et ne manqueront pas de vous surprendre. N’hésitez pas à partager les vôtres dans les commentaires sur chaque page individuelle…
Portugal

“En grand et à la française”
Les Portugais ne vivent peut-être pas dans l’extravagance, ou “en Grand et à la française” (“À grande e à francesa”), mais ils essaient toujours de plaire à tout le monde, et d’êre conciliants, même entre deux parties que tout oppose. Ils essaient en quelques sortes “de concilier les Grecs et les Troyens” (“Agradar a gregos e troianos”). Ils ont d’ailleurs parfois “l’air grec” (“ver-se grego“) lorsqu’ils ne peuvent pas accomplir une tâche ou qu’ils luttent contre quelque chose de dur. C’est peut-être en partie parce qu’ils n’ont pas la “force d’un galicien” (“Força de um galego“). On dit aussi des Portugais qu’ils sont particulièrement riches quand ils “parlent bien français” (“falar bem francês“) tant qu’ils ne recherchent pas la superficialité des choses tape-à-l’oeil, qui ont pour seul but “de faire anglais” (“para inglês ver“). Tout comme en français, les Portugais deviennent confus quand ils “perdent leur latin” (“perder o latin“) et savent eux aussi ce que “parler français comme une vache espagnole” veut dire (“falar francês como uma vaca espanhola“). Quand quelque chose fonctionne correctement, ils disent que cela “marche aussi bien qu’une horloge suisse” (“Certo que nem um relógio suiço“). Les Portugais sont toutefois catégoriques sur une chose : “D’Espagne ne vient ni de bon vent, ni de bons mariages” (“De Espanha nem bom vento nem bom casement“)
Espagne

“Hacerse el sueco”
En Espagne, n’essayez pas de “jouer au Suédois” (“Hacerse el sueco“) car cela signifie que vous prétendez ne pas comprendre quelque chose ou ne rien savoir sur quelque chose. Et Dieu sait à quel point c’est ignorant, un suédois ! A l’inverse, vous vous ferez particulièrement remarquer si vous parvenez à “planter une pique en Flandre” (“poner una pica en flandes“) parce que cela signifie que vous avez connu un succès retentissant. En espérant que vous serez alors en mesure de célébrer votre réussite en “buvant comme un Allemand” (“beber como un tudesco“) tout en veillant à ce que vos amis ne soient pas “jaloux comme un Turc“ (“celoso como un turco“). Une fois la fête terminée, essayez donc de “partir à la française“, c’est-à-dire sans dire au revoir (“despedirse a la francesa“). C’est pour beaucoup le summum de l’impolitesse !
France – Belgique – Luxembourg – Suisse

“Aller se faire voir chez les Grecs”
Quelle vulgarité ! Si un francophone vous propose “d’aller vous faire voir chez les Grecs“, il n’est certaintement pas en train de vous inviter à un agréable voyage en Grèce. Il vous souhaite juste d’aller vous faire f***re … Demandez-vous alors si vous êtes peut-être sa “tête de Turc” ou en d’autres termes, son bouc émissaire. Est-ce parce que vous étiez hier “saoul comme un Polonais“? Ou parce que vous avez “le mal espagnol“? Personne ne sait … Mais, si vous avez la chance d’être “beau comme un Grec“, votre ami(e) francophone vous proposera peut-être un peu de plaisir avec une “capote anglaise“. Il ou elle vous proposera peut-être même de partager des rêves et des désirs impossibles ou en d’autres termes de “construire des châteaux en Espagne“. Dans ce cas, vos rêves avec votre partenaire francophone seront certainement reportés “aux calendes grecques“, longtemps après que votre amant aura “filé à l’anglaise“. Vous serez alors seul, expérimentant le froid et le chaud de la fameuse “douche écossaise“. Mais estimez-vous chanceux: “C’est toujours ça que les Allemands n’auront pas“ !
Royaume-Uni – Irlande

“Go Dutch“
Je ne sais pas ce que les Pays-Bas ont fait à la Grande-Bretagne, mais les Anglais ne les épargnent pas dans leurs expressions… Untel dit n’importe quoi ? Il parle tout simplement le “double Hollandais” (“double Dutch“)… Un autre ne peut s’empêcher de donner des conseils inopportuns ? C’est juste un “Oncle hollandais” (“Dutch Uncle“)… Untel veut partager l’addition au restaurant ? Il veut juste “filer à l’hollandaise” (“Go Dutch“)… Un autre manque de confiance en soi et a besoin d’une boisson alcoolisée pour maîtriser ses nerfs ? Il fait appel au “Courage hollandais” (“Dutch courage“)… Les Espagnols ne sont pas particulièrement épargnés non plus. Des méthodes de travail douteuses et/ou non autorisées qui bénéficient à ceux qui les suivent sont des “pratiques espagnoles” (“Spanish practices“). Si quelqu’un est “reconduit à l’espagnol” (“walked Spanish“), c’est qu’il ou elle est reconduit manu militari hors d’une pièce, et/ou contraint de partir. Et qu’en est-il des français ? Une “lettre française” (“French letter“) est tout simplement un préservatif… Une “douche française” (“French shower“) consiste simplement à se parfumer avec du déodorant au lieu de se laver… Les français apprécieront! Les anglais s’excusent d’un juron en s’exclamant “Excusez mon français” (“Pardon my French“), tandis qu’ils “prennent congé à la Française” (“takes French leave“) lorsqu’ils partent sans dire “Au revoir”. Enfin, les Anglais vous recommanderons chaudement de vous “méfier des grecs portant des cadeaux” (“beware of Greeks bearing gifts“) en allusion à l’histoire du cheval de Troie… Si vous ne comprenez pas cette référence, c’est peut-être parce que “c’est tout du grec pour vous” (“it’s all Greek to me“)…
Norvège

“Ta en spansk en“
Les Nordiques ont vraiment des relations étranges… Prenez les Norvégiens par exemple : leurs voisins les plus proches, les Suédois, sont le centre de toute leur attention. Ils se moquent ainsi particulièrement du Suédois prototype, surnommé le “Suédois fêtard” (“Party svensker“), qui désigne ces jeunes Suédois venus travailler dans les bars et restaurants d’Oslo et qui sont réputés faire beaucoup la fête. Les Norvégiens ont inventé pour eux “le bouton suédois” (“svenskeknappen“) un bouton reset ou“On/Off“, si simple que même les Suédois provinciaux pourront comprendre son utilisation. Les Norvégiens peuvent aussi diredans leur langue “c’est tout du Grec pour eux“ (“Det er helt gresk for meg“) comme un francophone dirait que c’est du chinois. Ils peuvent également demander à quelqu’un de “le faire à l’espagnol“ (“Ta en spansk en“), c’est-à-dire de faire quelque chose improvisé et pas nécessairement légal, à proprement parler, mais qui “bon, y’a pas de problème, c’est plus simple comme ça!“. Cela marche en tout cas, tant qu’ils ne se mettent pas “en colère comme un Turc” (“Sint som en tyrk“)…
Suède

“Dansk skalle“
N’énervez pas trop les Suédois, ou vous ferez l’expérience du “crâne danois” (“Dansk skalle“). Un “coup de boule” si vous préférez… Ce n’est pas particulièrement agréable, surtout pendant les “hivers russes“, (“Ryssvinter“) réputés très froids. L’on vous suggérera plutôt d’accompagner un Suédois à “prendre une douche turque” (“att ta en Turkdusch“), même si c’est un peu dégoûtant : cela consiste à prendre une douche avec du déodorant au lieu de prendre une douche réelle. Ou mieux encore : essayez donc de draguer un beau Suédois pour l’inviter à “prendre un déjeuner français” (“Ta en fransk lunch“). Ne vous attendez pas cependant à un apéritif sympathique ou un repas délicieux, “le déjeuner français” consiste ici à avoir des relations sexuelles pendant votre pause déjeuner… Comprenez-vous le Suédois ou “parlent-ils du pur grec” pour vous (“Han pratar rena rama grekiskan“) ? Si vous ne les comprenez pas, mieux vaut peut-être pour vous “prendre congé à la française” (“Göra en fransk exit“).
Finlande

“Puhua siansaksaa“
La plupart des expressions finlandaises sur les autres nationalités se moquent des langues des autres ! Comme c’est étrange, les Finlandais ont la langue la plus étrange d’Europe mais ils sont ceux qui plaisantent le plus de celles des autres. C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité ! Les Finlandais disent par exemple qu’ils “parlent un allemand de cochon” (“puhua siansaksaa“) quand quelqu’un parle de quelque chose de complètement incompréhensible ou dans un langage inconnu ! Ils disent qu’ils “parlent Norvégien” (“Puhua norjaa“) lorsqu’ils vomissent… Comme c’est sympathique ! Ils “jurent comme un Turc” (“Kiroilee kuin Turkkilainen“) lorsqu’ils enchaînent les jurons ! Ils sont “russe” (“Ryssiä“) lorsqu’ils foirent totalement quelque chose… Et ce ne est pas fini … les Finlandais “regardent en tout à la Suédoise” (“Katsoa khan ruotsiksi“) quand ils louchent ! Ils ont “faim comme un loup en Estonie” (“Nälkä kuin Viron sudella“) quand ils ont vraiment faim… En voilà qui ne vont pas se faire des amis…
Danemark

“At leve på polsk”
Bienvenue au Danemark ! Dans ce beau pays, vous serez fortement recommandé de ne pas être “ivre comme un Suédois” (“Fuld som en svensker“) ni d’être “ivre comme un Groenlandais” (“Så stiv som en Grøndlænder“). Tous les deux ont à la réputation d’être des grands alcooliques… Au Danemark, vous aurez l’occasion de “vivre en polonais” (“At leve på polsk“) c’est-à-dire de vivre en concubinage sans être marié. Votre état civil ne sera pas une vraie question pour les Danois, qui y seront indifférents, ou en d’autres termes, ils seront “gréco-catholique” à votre situation (“græsk-katolsk“). Une séance de shopping au Danemark peut vous ramener à la maison une belle miche de pain blanc appelé en danois, un “pain français” (“Franskbrød“) ou une clé anglaise appelé dans ce pays, une “clé suédoise” (“Svensknøgle“). Pendant votre séjour au Danemark, essayez d’éviter d’avoir la “foi turque” (“Tyrkertro“): les Danois n’apprécient pas trop les gens qui croient en quelque chose trop fortement ou obstinément…
Pays-Bas – Belgique

“Geen geld, geen Zwitsers”
Les Néerlandais ont la réputation d’être avares. Ne disent pas d’ailleurs “Pas d’argent, pas de Suisses” (“Geen geld, geen Zwitsers“) pour “pas de marchandise sans paiement”? Aux Pays-Bas, on panique effectivement beaucoup à l’idée de ne pas avoir d’argent, ou en d’autres termes, on “ressent de la tension espagnole” (“Het Spaans benauwd krijgen“). Les Néerlandais ont aussi des sentiments partagés sur la France. Ils pensent certainement que l’on peut vivre en France une vie agréable et insouciante, c’est-à-dire de “vivre comme Dieu en France” (“Leven als God in Frankrijk“), mais pour autant, ils évitent autant que faire se peut de “faire le coup français” (“Iets met de Franse slag doen“) c’est à dire de bâcler quelque chose, de le faire de manière imprécise, négligente ou de mauvaise qualité. De même, quand “il n’y a pas un mot de français là-dedans” (“Daar is geen woord Frans bin“), cela signifie que quelque chose a été dit d’une manière concise, claire et sans ambiguïté. Les Français apprécieront… Le même reproche est ceci-dit fait aux Polonais où ce que l’on qualifie de “Parlement polonais” (“Een Poolse landdag“) est un désordre sans nom. De même pour les Espagnols où lorsque “quelque chose se passe à l’espagnol” (“Er Spaans aan toe gaan“) désigne une situation de désordre complet…
Allemagne – Luxembourg

“Hinter schwedischen Gardinen“
‘Hey, mon Pote!’ ou plutôt devrais-je dire en allemand “Hey, vieux Suédois” (“Na, Alter Schwede“), tu veux venir à l’Allemagne ? Tu y es plus que bienvenu et attends toi à y “vivre comme Dieu en France” (“Wie Gott in Frankreich“). Au début, tu ne comprendras peut-être pas un mot d’allemand et te sentiras complètement perdu – et tu pourras alors dire que “ce sont juste des villages de bohème pour toi” (“Das sind böhmisches Dörfer für mich“) mais tu t’habitueras lentement. Tu n’en croiras peut-être pas tes oreilles, ou en d’autres termes, cela “sonnera espagnol pour toi” (“Das kommt mir Spanisch vor“), mais les allemands te sembleront fort sympathiques. En tout cas, tant que tu n’essaieras pas de “turquer quelque chose” (“etwas türken“), c’est-à-dire de falsifier ou de contrefaire quelque chose. Si par contre tu t’y emploies, tu pourrais bien aller en prison, ou en d’autres termes, être mis “derrière des rideaux suédois” (“hinter schwedischen Gardinen“). Tu te sentiras alors en grande difficulté et pourrais bien crier “et bien, la Hollande est maintenant vraiment dans le besoin” (“Dann ist Holland jetzt in Not“). Quel désastre ! Les Allemands pourraient bien approuver et dire que, catastrophe, “maintenant la Pologne est ouverte” (“Dann ist Polen offen“). Tu ne serais alors plus en mesure de partir sans dire au revoir, ou, autrement dit, de “faire une sortie polonaise” (“einen polnischen Abgang machen“).
Autriche

“Moch mi net krawutisch“
Les Autrichiens parlent bien sûr allemand. Et s’ils partagent la plupart des expressions sur les nationalités avec leur voisin allemand, ils ont aussi quelques autres expressions propres qui sont assez drôles. Lorsqu’un autrichien est très en colère, il lui arrive de dire “Ne me rend pas croate” (“moch mi net krawutisch“). Vous serez prévenus ! Qui plus est, lorsque les Autrichiens tiennent à souligner que quelque chose n’est pas bien, comme la corruption ou la violence et que vous devriez bien le savoir, ils s’écrient “Nous ne sommes pas dans les Balkans!”(“Wir sind ja nicht am Balkan!“).
Italie

“Fare il portoghese“
Les transports publics en Italie sont ce qu’ils sont…Comme vous le savez peut-être, les trains et les bus italiens ne sont pas toujours “ponctuels comme une montre suisse” (“puntuali come un orologio svizzero“). Mais ce n’est pas une raison pour autant de ne pas payer ! Alors s’il vous plaît, ne voyagez pas en fraudeur, ou en d’autres mots, ne “faîtes [pas] le Portugais” (“fare il portoghese“). Si vous vous faites prendre, vous pourriez bien écoper d’une amende, car “il y a toujours un juge à Berlin”(“C’è un giudice a Berlino“) ce qui signifie que, en fin de compte, la justice éclate toujours. Ah, ces Allemands ! Ils ont toujours la réputation d’être consciencieux. Ne dit-on pas d’ailleurs en italien que “il/elle est l’allemand(e)” (“E’ tedesca!“) pour “il/elle est méticuleux(se)“ ? Les Turcs ne partagent pas la même réputation : si vous fumez beaucoup en Italie, on dira peut-être de vous que vous “fumez comme des Turcs“(“fumare come turchi“).
Tchéquie – Slovaquie

Kde domov můj?
“Une fois par an hongrois” (“Jednou za uherský rok“) c’est-à-dire, pas très souvent, les Tchèques et les Slovaques “boivent comme des Danois“ (“Pít jako Dán“). L’hiver est fini, ils ont alors l’impression de “vivre comme Dieu en France” (“Má se jako pánbůh ve Frankreichu“). Parce que, il faut bien l’admettre, en hiver, les Tchèques et les Slovaques ont “froid comme dans unchar russe” (“Je tu zima jak v ruským tank“). Ils ne comprennent pas bien pourquoi, ou autrement dit, ils trouvent que “c’est un village espagnol pour eux“ (“Je to pro mne španĕlská vesnice“), mais une économie pauvre et misérable est appelé chez eux une “économie turque” (“Turecké hospodaření“). D’ailleurs, en parlant de Turcs, les Tchèques et les Slovaques ne disent pas comme bien des Européens que l’on est “plus catholique que le pape” ou “plus royaliste que le roi”, non, ils affirment simplement que d’”aspirer à être turc est pire que d’être Turc“ (“Poturčenec horší Turka“). Les Tchèques et les Slovaques disent toujours “au revoir” lorsqu’ils quittent une soirée, mais lorsqu’ils ne le font pas, on dit d’eux qu’ils “filent à l’anglaise” (“zmizet po anglicku“).
Pologne

“Czeski film”
Les Polonais ont une très longue liste d’expressions idiomatiques liées aux nationalités européennes, à commencer par les Tchèques. Chaque fois que les Polonais ne comprennent pas une situation, chaque fois que cela ne fait aucun sens, ils disent avoir l’impression d’être dans un “film tchèque” (“Czeski film“)! Une faute de frappe dans un texte ou une faute d’orthographe est pour eux une “erreur tchèque” (“czeski błąd“)! Bah voyons ! Les allemands et les suisses ont la réputation d’être précis : les Polonais disent donc de quelqu’un de circonstancié qu’il a “la précision allemande” (“niemiecka precyzja“) ou qu’il fonctionne “comme une montre suisse” (“chodzić jak w szwajcarskim zegarku“). Parce qu’on dit d’eux qu’ils sont énergiques et passionnés, les Espagnols ont donné aux Polonais l’expression de “tempérament espagnol” (“hiszpański temperament“) pour désigner les personnes à la fois sexy et portés sur la chose. Les Anglais sont censés être flegmatiques, les Polonais parlent donc de “flegme Anglais” (“Angielska flegma“). Et les Français, avec leur réputation d’être délicats, ont inspiré l’expression de “chiot français” (“francuski piesek“) pour désigner une fashion-victim, qui serait en même temps très superficielle et s’offenserait facilement. Une “grève italienne” (“strajk włoski“) en Pologne désigne l’action de faire certes son travail, mais de manière extrêmement lente… En Pologne, être “nu comme un Saint Turc” (“goły jak święty turecki“) signifie être sans le sou! Enfin, en Pologne, “faire semblant d’être grec” (“udawać Greka”) veut dire faire semblant de ne pas savoir quelque chose … ou faire la sourde oreille…
Estonie

“Läbi nagu Läti raha“
En Estonie, tout est “à sa place et dans l’ordre, comme en Norvège” (“Korras nagu Norras“). Les Estoniens apprécient notamment la célèbre “précision allemande” (“Saksa täpsus“) où tout est fait avec beaucoup d’effort et de détails. Et quand ils sont exténués de leurs efforts, ils disent qu’ils sont aussi “fatigués que la monnaie lettone” (“Läbi nagu Läti raha“). Il sera peut-être intéressant de voir en quoi cette expression pourrait changer avec l’introduction de l’euro… Sur une autre note, chaque fois que quelque chose est vraiment aiguisé, certains Estoniens diront que c’est aussi “pointu comme un couteau finlandais” (“Terav nagu some puss“). Chaque fois que quelqu’un est envoyé en prison en Estonie, on dit qu’il est envoyé “derrière des rideaux suédois” (“Rootsi kardinate taga“). Enfin, à chaque fois que quelque chose est écrit “comme un ‘e’ Grec” (“(Nagu) Kreeka ‘e’“), cela signifie qu’il s’agit là d’une très mauvaise écriture.
Lettonie
Besoin d’aide
Il est très difficile de trouver des expressions lettones sur une autre nationalité européenne. Si vous êtes letton ou que vous parlez letton, vous pouvez me faire parvenir quelques exemples pour compléter cette liste! Me contacter ici.
Lituanie

“Ramus kaip belgas”
La Lituanie : le pays de tous les contrastes ! On y apprécie, d’une part, la “propreté allemande” (“Vokiška tvarka“) pour tout ce qui est extrêmement bien rangé et trié dans le moindre détail. Mais, on y déplore, d’autre part, la “propreté russe” (“Rusiška tvarka“) quand tout est un désordre complet… On y apprécie encore la “ponctualité allemande” (“Vokiškas punktualumas“) pour tout ce qui est précisément à l’heure. Mais on y moque, d’autre part, la “ponctualité française” (“Prancūziškas punktualumaks“) quand on est toujours en retard… Les Lituaniens se sont également bien inspirés de leurs voisins : en Estonie, on peut être “lent comme un Estonien” (“Lėtas kaip estas“), on peut “boire comme un Russe” (“Geria kaip ruses“), on peut avoir “l’honneur polonais” (“Lenkiškas honors“) et on peut y avoir “froid comme en Finlande” (“Salta kaip Suomijoj“). Enfin, l’expression lituanienne la plus intéressante est peut-être celle qui affirme que l’on peut être “calme comme un belge” (“Ramus kaip belgas“). On dit que cette expression tire son origine des chevaux ardennais que les Lituaniens utilisaient pour labourer les champs. De bonnes bêtes, mais un peu lentes…
Biélorussie

“Испанский стыд“
En Biélorussie, sentir la “honte espagnole” (“Испанский стыд”) c’est éprouver le sentiment de malaise inconfortable de regarder quelqu’un d’autre être ridicule ou gêné. Ce sentiment est souvent exacerbé lorsque la personne dont on a honte ne se rend pas compte de son comportement gênant. Dans ce cas, c’est un peu comme se sentir embarrassé pour l’autre. Une autre expression biélorusse célèbre qui veut dire ‘être en grande difficulté’ est “‘être en difficulté, comme un Suédois à Poltava” (“пропал, как швед по Полтавой”). Les Français connaissant cette situation, car un autre proverbe dit aussi “avoir survolé Paris comme une plaque de contreplaqué” (“пролететь, как фанера над Парижем”). Enfin, en Biélorussie comme dans d’autres pays, on “file à l’anglaise” (“уйти по-английски”) lorsque l’on quitte une soirée sans dire “Au revoir”…
Ukraine

“шведська сім’я“
Les Ukrainiens ont une drôle de façon de nommer ce que les autres appellent un “ménage à trois”. En Ukraine, cela s’appelle simplement une “famille suédoise” (“шведська сім’я”). Il s’agit d’une famille avec deux maris et une femme ou deux femmes et un mari, vivant tous ensemble gaiement sous le même toit… Un buffet, pour les Ukrainiens est aussi appelé une “table suédoise” (“шведський стіл”). Quand ils veulent exprimer que l’on est pas la personne que l’on prétend être, les Ukrainiens disent que “Il ou elle est aussi X que je suis pilote espagnol” (“він такий X, як я іспанський льотчик”). Ils font aussi “la grève italienne” (“проводити італійський страйк”) lorsque les employés ne font que le minimum requis par les règles de leur contrat. Enfin, en ukrainien, un “moscovite” (“москаль”) fait parfois référence à une mauvaise personne, souvent (mais pas toujours) une personne qui exprime les traits typiquement associés aux stéréotypes associés aux Russes.
Roumanie – Moldavie

“A fura luleaua neamțului“
Que c’est sympathique ! Les Roumains disent “vous êtes Turc” (“Ești turc“) à des personnes qui ne peuvent pas comprendre des idées pourtant simples. La forme interrogative “êtes-vous Turc?” (“Ești turc?“) est également utilisée d’une manière qui signifie “êtes-vous stupide?”. Mais, amis Turcs, ne soyez pas troublés ! Car les Roumains disent aussi “êtes-vous moldave?” (“Ești moldovean?“) pour les personnes arriérés, rurales et pauvres, sans aucune perception du monde extérieur… Ils qualifient également une conduite dangereuse par l’expression “conduire comme un belge” (“conduci ca un belgian“) et un gros fumeur par “fumer comme un Turc” (“A fuma ca un turc“). Les Roumains pensent que quelque chose peut être “beau comme la langue russe” (“frumos ca limba russ“) entre autres parce que le russe est réputé être une langue difficile à apprendre ou comprendre. Partager une addition à parts égales au restaurent se dit aussi en Roumanie de “diviser à l’allemande” (“a împărți nemțește“), de même que se saouler se dit aussi poétiquement “voler la pipe à un allemand” (“a fura luleaua neamțului“). Enfin, être assis dans la position du lotus se dit aussi en Roumain “s’asseoir à la turque” (“A sta turcește“).
Hongrie

“Vígan dudál a Portugál“
En Hongrie, il n’y a “rien à craindre” quand les Hongrois disent “on klaxonne avec joie au Portugal” (“vígan dudál a Portugál“). Sauf, évidemment, si vous vous sentez mal et que vous vous trouvez “dans un état tchèque” (“csehül érzi magát“) ou que vous “craignez le cri des Béotiens (Grecs)” c’est-à-dire les opinions infondées et autres peurs populaires. Les Hongrois peuvent parfois se sentir dans de très mauvaises situations, ou, autrement dit, en “situation Balkanique” (“balkáni állapotok“) peut-être parce que tout semble à l’envers, sans queue ni tête, ou en d’autres termes “tótágast” (où ‘tot’ est le surnom du peuple slovaque, et tótágas voulant dire à tête renversé). Mais, les Hongrois sont aussi assez intelligents pour trouver des solutions simples à leurs problèmes ou, comme ils disent, des “solutions russes” (“orosz módszer“). A propos des Russes, d’ailleurs, les Hongrois aiment aussi à dire que parfois “il y en a autant que des Russes” (“Annyian vannak, mint az oroszok“) chaque fois qu’ils entrent dans un endroit très fréquenté. Enfin, on emploie deux expressions différentes en Hongrie pour désigner la situation où quelqu’un quitte un lieu sans dire “Au revoir”: soit ils “filent à l’anglaise” (“angolosan távozik“) soit ils “partent comme saint Paul a quitté les oláhs (Roumains)” (“otthagy valakit mint Szent Pál az oláhokat“).
Slovénie

“Iti v Rim“
Les Slovènes “vont à Rome” (“iti v Rim“) quand ils donnent naissance ! Comme c’est mignon ! Mais ils “voient Venise” (“videti Benetke“) quand ils sont roués de coups ou quand ils n’obtiennent pas ce qu’ils attendent. Nous devons bien l’admettre : l’Italie et la Slovénie ont une longue histoire en commun… Ceci dit, la même remarque vaut pour l’Autriche et l’Empire des Habsbourg : comme la vie est censée être très coûteuse à Vienne, les Slovènes disent parfois que “celui qui veut aller à Vienne doit laisser son estomac à l’extérieur” (“Kdor hoče iti na Dunaj, mora pustiti trebuh zunaj“)! Et chaque fois que les Slovènes veulent écourter une conversation sur un sujet sensible, ils s’exclament juste “et paix en Bosnie” (“pa/in mirna Bosna“). En Slovénie, vous serez prié de ne pas vous “comporter comme un Français” (“Delati se Francoza“), cela signifie que vous faites semblant de ne pas comprendre quelque chose. Et ne “fuyez pas à la française” (“oditi/popihati jo po francosko“). Car c’est plutôt impoli de partir sans dire “Au revoir”. Si vous êtes “fatigué comme un drapeau turc” (“Biti izmučen/zbit kot turška fana”), les Slovènes pourront également vous conseiller de ne pas “fumer comme un Turc” (“kaditi kot Turek“)…
Croatie – Serbie – Bosnie-Herzégovine

“Prolaziš pored (nečega) kao pored turskog groblja“
Les Croates, les Serbes et les Bosniaques ont une expression très drôle: quand ils passent près de quelque chose sans l’apercevoir, ils disent qu’ils “passent près de (quelque chose), comme dans un cimetière turc” (“Prolaziš pored (nečega) kao pored turskog groblja“). Les Croates, les Serbes et les Bosniaques utilisent cette expression, par exemple, quand un ami se promène dans la rue sans faire attention à vous. Une expression utile ! En Croatie et en Serbie, quand quelque chose est “comme de fabrication allemande” (“Kao da ga je Nemac pravio“), on peut être sûr que c’est d’une très grande qualité. Au contraire, il est plutôt recommandé de ne pas être “endetté comme la Grèce” (“Dužan kao Grčka“). Fait intéressant, cette expression est un vieux dicton qui remonte au 19ème siècle, quand la Grèce manqua à ses obligations de dette extérieure par cinq fois. Les Croates, les Serbes et les Bosniaques ont également leur version de l’expression qui signifie “faire semblant d’être stupide, ignorant ou non informé”, mais par eux, cela se dit “faire semblant d’être anglais” (“Praviti se Englez“).
Albanie

“Sikur të ndjek gjermani”
Si vous faites quelque chose de très rapide ou de manière pressée en Albanie, c’est “comme si un allemand vous courrait après” (“sikur të ndjek gjermani”) – ce qui, on le devine, n’est pas nécessairement agréable. Comme il est très peu probable que les Allemands vous traquent, vous devrez peut-être “grimper ici et voir Instabul” (“hip këtu, shiko Stambollin”) pour dire que quelque chose n’est pas possible ou ne se produira jamais. Pour les Français, les Albanais disent “Je l’ai acheté comme le Français a acheté son poulet” (“e bleva sa frëngu pulën”), c’est-à-dire, à un prix exorbitant – quiconque s’est déjà rendu sur les Grands Boulevards à Paris sait de quoi il retourne… Tout est un peu prétentieux en France, c’est pourquoi les Albanais disent souvent “comme si vous veniez de Paris” (“sikur ke ardhur / zbritur nga Parisi”) lorsque quelqu’un prétend être très délicat ou élégant.
Bulgarie

“Не се отказвай като власите накрай Дунава“
Un des dictons bulgares les plus intéressants mais aussi un peu péjoratif est “Ne partez pas comme les Valaques sur les rives du Danube” (“Не се отказвай като власите накрай Дунава”). Cela signifie arrêter de faire quelque chose quand la fin est pourtant proche, ou tomber dans le désespoir parce que quelque chose est difficile alors que la fin est toute proche. Cela revient généralement à reconnaître que la partie difficile d’une tâche est terminée et qu’il serait dommage de ne pas terminer ce qui a été commencé. Un autre dicton bulgare historique est “qu’est-ce que vous attendez, les Allemands ?” (“да дойдат германците ли?”) et employé à chaque fois que quelqu’un est lent, ou tout simplement en panique. Les Bulgares disent aussi un “travail turc” (“Турска работа”) quand quelque chose se fait sans soin. Ils peuvent “s’asseoir à la turque” (“седене по турски”) quand ils s’assoient sur le sol avec les jambes croisées, en position du lotus. Enfin, un buffet en Bulgarie peut également s’appeler une “table suédoise” (“шведска маса”), où on peut manger une bonne “salade russe” (“руска салата”).
Grèce

“εγγλέζος στα ραντεβού“
La Grèce et la Turquie ont en commun une relation longue et tumultueuse. Ceci est peut-être la raison pour laquelle de nombreux dictons grecs se réfèrent aux Turcs. Il est particulièrement recommandé de ne pas “fumer comme un Turc” (“Καπνίζει σαν τούρκος”) car c’est extrêmement mauvais pour la santé. Ils devraient éviter de “rendre quelqu’un Turc” (“με εκανε Τουρκο”) car cela veut dire mettre quelqu’un en colère. Quand quelqu’un dit “tu veux m’entendre dire quelque turqueries maintenant?” (“Θες ν’ ακούσεις κάνα τούρκικο τώρα”), cela signifie en fait “tu veux m’entendre jurer ?” Mais la même expression s’applique aussi aux Français. Si un Grec “parle un peu français” (“του είπε μερικά γαλλικά”), cela ne veut pas dire qu’il parle bien français, mais simplement qu’il jure… A l’opposé, “un rendez-vous d’Anglais” (“εγγλέζος στα ραντεβού”) en Grèce signifie être un maniaque de la ponctualité, être très ponctuel, toujours à l’heure. Un “nombre allemand” (“Γερμανικό νούμερο”) en Grèce est une expression utilisée dans l’armée qui signifie “la relève de nuit”. Et un “touriste albanais” (“Αλβανός τουρίστας”) est simplement quelque chose d’inexistant…
Turquie

“Fransız kaldım”
On trouve très peu d’expressions turques sur d’autres nationalités. La plus drôle est peut-être “rester Français” (“Fransız kaldım”). C’est un peu péjoratif et correspond à “c’est du chinois”. Par exemple, lorsque deux personnes parlent et qu’une troisième personne les rejoint alors qu’ils continuent à parler. Le troisième qui ne comprend rien peut dire : “Ben kaldım Fransız” (“je suis resté comme un Français”). Les Turcs ont aussi l’expression “faire du français en apparence” (“Görünüşte fransızlaştırmak“) qui signifie avoir l’air bien, mais seulement en apparence, être un peu superficiel. Les Turcs ont également l’expression “aux calendes grecques” (“Balık kavağa çıkınca“) pour désigner quelque chose qui est impossible ou improbable. Enfin, ils conseillent parfois de “ne pas parler grec” (“Yunanca konuşan yok!“), car cela peut vouloir dire “jurer”…
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