“Nous ne pouvons donc, ni dans nos maisons, ni dans nos écoles, donner une bonne éducation à nos enfants sans leur enseigner les Etats Unis d’Europe”
Charles Lemonnier, 1872
Soyons honnêtes, ce jeu est profondémment ancré dans nos souvenirs d’enfance… On y jouait avant l’essor des jeux vidéo et bien avant le boom des tablettes et des réseaux sociaux. Qui donc pourrait bien oublier “Jacques a dit…”: ce jeu mémorable qui animait nos mercredis et samedis après-midi lorsque nous ne savions plus quoi faire avec nos amis après l’école. Vous vous souvenez ? Un joueur jouait le rôle de “Jacques” et donnait des instructions aux autres, qui devaient seulement les suivre si elles étaient précédées de l’expression “Jacques a dit…” ? Vous voyez? Eh bien, vous allez maintenant être en mesure de (re)jouer à ce jeu dans toutes les langues européennes ! Il semble en effet que Jacques s’est fait une multitudes d’amis à travers l’Europe, tous donneurs d’ordres dans leur propre langue. Permettez-moi donc de vous présenter John en Suède, Simon en Angleterre, Yakup en Turquie. Le roi lui-même joue au jeu en Norvège et au Portugal tandis qu’un capitaine est aux commandes en Finlande et qu’un commando entier s’active en Allemagne et aux Pays-Bas … “Jacques a dit : bonne lecture !”
Portugal

O rei manda…
Les jeunes enfants portugais suivent les instructions du jeu au nom de leur roi. Certes, nous savons tous que le Portugal n’a plus de roi depuis 1910, mais le maître du jeu portugais commande encore ses troupes avec la phrase “O rei Manda” qui signifie “le roi ordonne”. On ne sait pas trop comment le jeu est apparu au Portugal ni à quel roi il se réfère en particulier. L’on peut néanmoins imaginer que le “roi ordonne” fait référence à l’âge d’or du Portugal où la monarchie a été à l’origine de ce que l’on a plus tard appelé l’âge des découvertes. Ce roi anonyme pourrait bien être le roi Henri qui a été responsable de l’essor précoce de l’exploration portugaise et a ouvert de nouvelles voies par le commerce maritime avec d’autres continents par le biais de l’exploration de l’Afrique de l’Ouest et des îles de l’océan Atlantique… ou ce pourrait tout aussi bien être un autre roi … Qui sait ?
Espagne

Simón dice…
Le prénom “Simón” n’est pas très original en Espagne : il était très populaire au début du 20e siècle. Ceci est peut-être la raison pour laquelle les Espagnols ont gardé le même nom que la version anglaise pour leur maître de jeu. Ou ce pourrait tout aussi bien être aussi parce que “Simón” est un nom de famille très courant en Espagne. Selon les statistiques, “Simón” est le 186e nom de famille le plus commun en Espagne, avec 27.178 personnes le portant comme premier nom et 26,016 le portant comme second nom. Plus surprenant, 339 personnes en Espagne ont à la fois “Simón” comme premier et deuxième nom de famille, tels que “Manuel Simón-Simón“. Pas très pratique pour les adresses e-mail, mais très utile pour la version espagnole de “Jacques a dit…” où ces joueurs pourraient porter le titre ultime de double maître de jeu!
France – Luxemburg

Jacques a dit…
En France, la vieille expression “faire le Jacques” est apparue en 1880 en tant que synonyme de “faire le fou” ou “le clown”. A cette époque, tout comme Gilles ou Guillaume, Jacques était un des prénoms désignant un imbécile, un simple d’esprit, un naïf. Rien à voir, donc, avec l’ancien président français, Jacques Chirac. Il n’est pas impossible que cette expression ait traversé la Manche, où l’expression anglaise “to play the Jack“, employée par Shakespeare, signifiait “jouer le farceur ou l’escroc”. Personne ne sait si c’est la raison pour laquelle ‘Jacques’ est devenu le prénom du maître du jeu dans la version française, mais cela pourrait être une interprétation possible. De manière intéressante, le maître du jeu en France peut essayer de tromper les joueurs en commençant sa phrase pas “Jacadi a dit…”. Cela sonne comme le bon énoncé, mais les joueurs ne doivent pas y répondre parce que ce n’est pas l’authentique “Jacques a dit…”
Islande

Símon segir…
Soyons honnêtes: je vous recommande fortement de ne pas jouer à “Simon segir…” avec des islandais pure souche, sauf si vous parlez vous-même très couramment l’islandais et que vous êtes confiant sur vos capacités ! Toujours envie de jouer? Eh bien, commençons alors ! “Símon segir: settu höndina á hné þér” Vous ne savez pas quoi faire? C’était pourtant simple, cela voulait dire “Simon dit: mettez votre main sur votre genou”! Ok, ce n’était qu’un premier essai. Je vous donne une seconde chance : “Simon segir, hrista vinstri fætinum” Vous avez l’air perplexe… mais vous devriez savoir qu’il fallait secouer votre jambe gauche… Ne perdez pas espoir, j’en ai un dernier pour vous et cette fois, je vous donne un peu d’aide : “rétt upp vinstir höndina” (“rétt upp” signifie “Levez haut” et “vinstir höndina” veut dire “main gauche”). Alors celui-là, vous l’avez ! Avez-vous levé votre main gauche en l’air ? Très bien ! Mais je n’avais pas dit “Simon segir…“. Vous êtes donc éliminés du jeu… désolé!
Royaume-Uni

Simon says…
Vous êtes vous déjà demandé pourquoi ‘Jacques’ s’appelle ‘Simon’ dans la version anglaise du jeu ? Son nom est en fait une référence à un homme d’Etat du 13e siècle : le noble franco-anglais Simon de Montfort. La réputation d’autorité de force de commandement de Simon De Montfort vient de ses prouesses au cours de la guerre des Seconds Barons en Angleterre médiévale, où il parvint à emprisonner le roi de l’époque, Henri III, pour le remplacer par le premier parlement démocratique. Durant un an, tout ordre que le roi Henri III donnait pouvait être annulé par de Montfort, jusqu’à sa défaite lors de la bataille d’Evesham. Il est toutefois aussi possible que le nom du jeu n’ait pas de lien avec cette histoire, et que le prénom de ‘Simon’ ait tout simplement dérivé d’un effet allitératif. Peu importe son origine, ‘Simon’ finira en tout cas par donner son nom à l’un des jeux électroniques les plus populaires des années 1980, l’envoûtant… Simon.
Irlande

Deir Ó Grádaigh…
En Irlande, les enfants doivent suivre les ordres de “O’Grady” ou, comme on dit dans la version gaélique originale “Ó Grádaigh“. Mais qui donc est ce “O’Grady” ? En fait, la famille O’Grady est l’une des plus célèbres familles issues de l’aristocratie irlandaise. Certains membres de la famille O’Grady se sont convertis à l’Eglise d’Irlande (anglicane) et ont compté parmi eux un évêque de Meath, Hugh Brady. Un autre membre éminent de la famille, James Standish O’Grady, était un auteur irlandais, journaliste et historien en paradoxe avec son temps. Fier de son héritage gaélique, il était aussi un champion des vertus aristocratiques (en particulier dénonçant les valeurs bourgeoises du cosmopolitisme et du déracinement de la modernité) qui préconisa au peuple irlandais de combattre contre l’Empire britannique pour le transformer en Empire anglo-irlandais. A l’époque, lorsque “O’Grady disait..”, tous obéissaient…
Norvège

Kongen befaler…
En Norvège, les ordres du roi sont absolus. Si vous n’obéissez pas, vous serez punis et exclus du jeu ! Si c’est bien le roi norvégien qui commande, comme la version norvégienne du jeu le dit (“Kongen befaler”), son premier ordre sera de prononcer correctement son nom et son titre. Prenez une grande respiration, et dîtes distinctement: “Harald V de Norvège, prince du Danemark et prince de Schlewig-Holstein-Sonderburg-Glucksburg” ! N’écorchez pas le nom du roi ou vous serez exclus du jeu ! Mais ne vous inquiétez pas trop, l’autorité du roi est largement surestimée dans ce jeu, si l’on considère en fait que les attributions du Roi en Norvège sont essentiellement cérémonielle. Il ratifie les lois et délivre des arrêtés royaux, il reçoit et envoie des émissaires dans les pays étrangers et participe aux visites d’Etat. Vous l’aurez compris, le roi en Norvège exerce principalement son influence en tant que symbole de l’unité nationale. Pauvre Harald… Espérons seulement qu’il se réconforte à l’idée d’être celui qui commande dans les jeux pour enfants…
Suède

Följa John…
Les règles pour jouer à l’équivalent suédois de “Jacques a dit…” sont légèrement différentes que dans le reste de l’Europe. En Suède, le jeu s’appelle “Suivez John” ou, en version originale “Följa John“. Selon les règles de ce jeu, une personne est désignée pour être “John”. Rien à voir avec le conducteur désigné qui doit rester sobre en soirée dans certains pays européens (je vous rappelle que “Jacques a dit…” est un jeu pour enfants !). Les autres joueurs doivent ensuite imiter “John” dans tout ce qu’il ou elle fait. Toute personne qui omet de le suivre avec scrupule est éliminée. Le premier participant a être éliminé est censé devenir “John” le tour suivant. Et pourquoi John, vous demandez-vous ? A cause de Peter Pan, le film d’animation de Disney de 1953 dans lequel tous les “garçons sauvages” doivent à un certain moment suivre le leader, John…
Finlande

Kapteeni käskee…
En Finlande, pas de Simon, pas de roi ou de John pour donner des ordres ! Les Finlandais obéissent seulement quand ‘le capitaine’ le commande ! C’est en tout cas le sens de ce que veut dire “Kapteeni käskee...”. Il est difficile de savoir pourquoi un capitaine est aux commandes en Finlande, mais il pourrait bien venir directement du héros de guerre finlandais, Lauri Allan Törni, qui, en tant que capitaine, dirigeait une compagnie d’infanterie durant la Guerre de continuation finlandaise et a déménagé aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale. Lauri Allan Törni, plus tard connu sous le nom de Larry Thorne, était l’un des rares capitaine qui combattit sous trois drapeaux différents : le finnois, l’allemand (quand il combattait les Soviétiques durant la Seconde Guerre mondiale), et l’américain quand il servait dans les forces spéciales de l’armée des États-Unis durant la Guerre du Vietnam. Törni a été nommé 52e dans la liste Suuret Suomalaiset des Finlandais les plus célèbres. De nombreux livres ont été écrits sur lui, ce ne serait donc pas une surprise si c’est de lui dont on parle lorsque les jeunes Finlandais jouent à “Jacques a dit…”
Danemark

Simon siger…
Vous ne devriez pas attendre des Danois qu’ils soient originaux et aient un nom typiquement danois pour leur version de “Jacques a dit…”. Il n’y a aucun jeu au Danemark qui porte le nom de “Fredrik dit…”, “Rasmus dit…”, “Magnus dit…” ou “Jesper dit…”. Au lieu de cela, les Danois ont simplement traduit le nom anglais du jeu pour un “Simon siger …”, simple mais efficace. On pourrait dire qu’il n’y a rien de mieux que les noms originaux. Ceci étant, et comme j’ai encore quelques lignes à combler dans cette zone de texte, avez-vous remarqué maintenant que les versions européennes de “Jacques a dit…” sont, au mieux patriarcale, et au pire misogyne ? Il y a presque partout en Europe des noms masculins pour le rôle de maître de jeu ! Simon, Jacques, Jean, Răzvan… Comme si les hommes étaient les seuls habilités à donner des ordres ! A quand un meilleur équilibre entre les deux sexes avec des prénoms pour le maître du jeu tels que “Simona dit…” ou “Joanna dit…” ? De quoi réfléchir…
Pays-Bas

Commando pinkelen…
L’équivalent le plus proche de “Jacques a dit …” aux Pays-Bas serait le jeu appelé “Commando pinkelen…“. Tout comme en Allemagne avec “Kommando Pimperle“, les joueurs doivent s’asseoir autour d’une table et répéter plusieurs commandes avant que le maître du jeu commence la partie. Les commandes peuvent être “commando bol” où tous les joueurs doivent mettre leurs mains ouvertes sur la table ou “commando hol” où tous les joueurs doivent présenter le dos de leurs mains sur la table. Les joueurs doivent cependant effectuer l’action que lorsque l’ordre commence par “Commando”, sinon, ils doivent l’ignorer. Outre les commandes générales, le maître du jeu peut également ajouter quelques difficultés en inventant, plus tard, de nouvelles commandes telles que “debout”, “assis”, “en l’air”, “en dessous”… Il existe aussi une alternative aux règles principales qui consistent à ne faire que ce que le meneur de jeu fait, et non ce qu’il dit.
Belgique

Jacques a dit… – Jantje zegt…
En Belgique, bien sûr, le jeu “Jacques a dit…” existe dans les deux langues, en Français et en Flamand. Pour être complet, il faut même ajouter que l’allemand est aussi une langue officielle de la Belgique, de sorte que vous ne serez pas surpris d’entendre parler de “Kommando Pimperle…” dans la Communauté germanophone de Belgique. Sans surprise, donc, les enfants de la région wallonne et de Bruxelles préfèrent jouer à “Jacques a dit…”. Par contre, les enfants flamands ne jouent pas à la version néerlandaise de “Commando pinkelen…” comme aux Pays-Bas, mais plutôt à “Jantje zegt…” Le nom de Jantje, diminutif de Jan, a une signification historique particulière. Il était en fait le surnom que les Flamands donnaient aux jeunes et intrépides mousses sur un bateau. Au fil du temps, Jantje est même devenu le nom donné en néerlandais au garnement des blagues des enfants – l’équivalent de Toto en français.
Suisse

Jacques a dit… – Kommando Pimperle… – Simone dice…
Dans la grande Confédération suisse, il est plutôt inapproprié de laisser un personnage autoritaire donner des ordres à des personnes qui auraient à obéir aveuglément ! Comme vous le savez tous, la Suisse dispose d’un système politique propre où la démocratie directe et le fédéralisme en sont des éléments fondamentaux. Les instruments de ce système au niveau fédéral, connus comme les droits civiques, notamment le droit de soumettre une initiative et un référendum constitutionnel, peuvent renverser les décisions parlementaires. S’il y a donc un jour, une véritable version suisse du jeu “Jacques a dit…”, ce sera plutôt sur le mode “Jacques suggère… mais Paul contredit… tandis que Louis proteste… et Agnetta argumente…” . A la fin, peut-être, ils en viendront à un référendum où ils iront tous voter sur une proposition donnée pour définir ce qu’il convient de faire et en quelles circonstances agir au cours du jeu. Cela peut prendre un certain temps. Plus sérieusement, comme le pays reconnaît plusieurs langues, le jeu peut être joué soit en allemand avec “Kommando Pimperle…“, soit en français avec “Jacques a dit…” soit en italien avec “Simone dice…”
Allemagne – Autriche

Kommando Pimperle…
La version allemande de “Jacques a dit…” est très similaire à la version française, avec quelques variantes. Le maître du jeu donne des ordres que les participants doivent reproduire – ou non. Les joueurs doivent s’asseoir autour d’une table, se mettre d’accord et répéter plusieurs commandes telles que de “mettre l’index sur la table” lorsque le maître du jeu dit “Commande : Pimperle !”, de “mettre les mains en l’air” quand il dit “Commande : haut !” ou “de mettre le poing sur la table” lorsqu’il dit “Commande: Faust !”… La difficulté relative est d’effectuer l’action que lorsque l’ordre commence par “Commande”, sinon, il doit être ignoré. Le maître du jeu peut toujours essayer d’effectuer l’action lui-même afin de tromper les joueurs. Ce genre de jeux a une longue tradition en Allemagne et certains racontent qu’ils étaient déjà pratiqués à la cour des rois, comme Goethe en témoigne dans un passage de Faust. Ces jeux servaient probablement aux plaisirs ludiques des dames de la cour et leurs admirateurs… Qui a dit que “Jacques a dit…” était seulement un jeu pour enfants ?
Italie

Simone dice…
Il est assez difficile de savoir si le jeu “Jacques a dit…” existe réellement dans la péninsule italienne étant donnée que nombreux italiens natifs ne semblent pas avoir connaissance du jeu. Le jeu est en tout cas certainement moins célèbre en Italie que dans d’autres pays européens. Ce n’est donc pas surprenant que les enseignants italiens qui souhaitent faire jouer leurs élèves décident simplement de traduire le nom anglais du jeu pour l’appeler en italien “Simone dice...”. C’est juste dommage, car les Italiens ont aussi connu un célèbre Simone, amiral célèbre à l’origine de la modernisation de la flotte italienne moderne. Simone Antonio Pacoret de Saint-Bon a pris part à la guerre de Crimée et se distingua en 1860 au siège d’Ancône, avant d’être décoré pour sa bravoure au siège de Gaeta. Nommé ministre de la Marine, il révolutionna la marine italienne, insistant sur la nécessité de développer de grands cuirassés avec de fortes puissances d’attaque et de défense, pouvant affronter des unités simples. Avec tout le respect qui lui est dû, Simone Antonio Pacoret de Saint-Bon aurait donc dû être à l’origine du jeu italien “Simone dice…“.
Pologne

Szymon mówi
Il semble que le jeu “Jacques a dit…” ait inspiré de nombreux artistes en Pologne puisque l’on peut trouver à la fois des chansons et des sketches nommés après le jeu “Szymon mówi…” Dans la chanson éponyme de Letebra, les paroles disent “Simon dit : saisis le cube / Simon dit : saute sur une jambe / Simon dit poliment: mange du poisson / Sois libre, meurs !”. Si, comme moi, vous ne comprenez pas vraiment ce que cela veut dire, vous n’êtes pas les seuls ! Szymon mówi kabarety est aussi le nom d’une bande de comédiens qui font des sketchs en Pologne. Ce programme primé a eu sa première apparition en télévision en décembre 2001. Le programme comprenait, entre autres, des parodies des scènes célèbres de films cultes polonais et internationaux. Mais ne vous inquiétez pas, “Szymon mówi…” reste avant tout un jeu populaire pour les enfants polonais qui y jouent à la maison ou à l’école.
Hongrie

Simon mondja…
Vous ne le savez peut-être pas, mais les Hongrois ont un certain savoir-faire quand il s’agit de jeux. Ils sont, après tout, ceux qui ont inventé le Rubik’s cube. Pour “Jacques a dit…”, ils semblent toutefois qu’ils se soient simplement contentés d’avoir importé le jeu dans sa version anglaise avec pour seule nom “Simon mondja…” qui signifie littéralement “Simon a dit…”. Comme vous mourez d’envie de savoir comment “Jacques a dit…” sonne en hongrois (non?), voici quelques exemples d’instructions : “Simon mondja: hogy guggolj le!“ (“Simon a dit : assieds-toi”), “Simon mondja: emeld fel a kezed!” (“Simon a dit : levez vos mains!”) ou “Simon mondja: emeld fel a jobb kezedet!” (“Simon a dit : lève ta main droite !”). Il semble que le jeu soit très utilisé par les enseignants hongrois qui souhaitent enseigner aux jeunes enfants la connaissance de leurs parties du corps.
Lituanie

Simas sako…
Sans surprise, les Lituaniens utilisent aussi le nom de ‘Simon’ pour jouer au célèbre jeu de rôle. Vous devez donc dire “Simas sako…” aux jeunes enfants à Vilnius pour leur donner des instructions. Mais ce qui est le plus intéressant en Lituanie, est le fait qu’ils ont aussi inventé une version modifiée de “Jacques a dit…” qui pourrait vous donner quelques idées sur la façon d’améliorer votre expérience de jeu : “Dvigubas Simas sako” ou en français, le “Double Jacques a dit…”. Dans cette version du jeu, les joueurs sont divisés en deux groupes, chaque groupe joue séparément “Simas Sako…“. chaque fois qu’un enfant est exclu d’un groupe parce qu’elle ou il a échoué à accomplir un ordre donné ou a simplement accompli un ordre qui n’était pas précédé de “Simas sako…“, il ou elle doit rejoindre l’autre groupe et continuer à jouer ! Personne n’est donc totalement exclu ! Quand on dit que les Lituaniens sont très inclusif…
Lettonie

Saimons saka…
Vous avez certainement deviné maintenant que “Saimons” est l’équivalent letton du prénom anglais “Simon. Ce n’est donc pas surprenant de constater que la version lettone du jeu “Jacques a dit…” s’appelle à Riga “Saimons saka…“. En fait, rien n’indique clairement que le jeu existe réellement en Lettonie, car l’on trouve que très peu d’informations sur son existence à part sa traduction. Mais quelques recherches en ligne peuvent vous mener à tomber sur cette image assez drôle – elle se passe de description, pas besoin de parler letton pour comprendre ce qu’ils veulent dire ici ! Si vous êtes letton et que vous avez plus d’informations sur l’équivalent du jeu “Jacques a dit…” dans votre pays, s’il vous plaît, n’hésitez pas à me contacter!
Estonie

Simon ütleb…
On ne connait pas grand chose sur le jeu “Jacques a dit…” en Estonie, sauf qu’il existe sous le nom de “Simon ütleb…“. La simple information que l’on peut trouver en ligne à propos du “Jacques a dit…” estonien est qu’il a inspiré le nom d’un groupe de musique de metalcore de Narva en Estonie. Mais bien sûr, cela n’a rien à voir avec l’éducation des enfants, sauf si vous voulez que les enfants se mettent à jouer au jeu avec de la musique metalcore en fonds sonore. Si vous êtes letton et que vous avez plus d’informations sur l’équivalent du jeu “Jacques a dit…” dans votre pays, s’il vous plaît, n’hésitez pas à me contacter!
Biélorussie – Ukraine

Саймон говорить…
Le jeu existe aussi en Biélorussie et en Ukraine sous le nom de “Саймон говорить…” (‘Saymon hovoryt…”) avec encore une fois l’utilisation du prénom de “Simon” pour désigner le maître du jeu. A quoi donc peuvent bien ressembler les instructions du jeu en ukrainien ? Eh bien, c’est tout à fait fascinant : “Саймон говорить підстрибнути” (‘Saymon hovorytʹ pidstrybnuty’ ou en français “Simon a dit : saute”) ou “Саймон говорить підняти праву руку вгору” (‘Saymon hovorytʹ pidnyaty pravu ruku vhoru’ ou en français “Simon a dit : lève la main droite en l’air’)
Roumanie – Moldavie

Răzvan spune…
Chers amis roumains et moldaves, je dois vous avouer qu’il est plutôt difficile de trouver le véritable équivalent en roumain du jeu “Jacques a dit…”. Il arrive que certains disent que le jeu s’appelle “Răzvan spune…“, d’autres soutiennent qu’il s’appelle plutôt “Simon spune…” tandis que d’autres, enfin, indiquent finalement qu’il s’agirait de “Păcală spune…” Avec toutes ces informations contradictoires, vous pouvez facilement comprendre mon état de perplexité ! Si vous arrivez sur cette page et que vous lisez ceci, et évidemment, si vous avez la réponse, je vous serais très reconnaissant si vous pouviez partager votre réponse avec moi afin que je puisse compléter cette liste et être le plus précis possible !
Slovénie

Simon pravi…
Comment jouer à “Jacques a dit…” en Slovénie ? Eh bien, fondamentalement de la même manière que dans les autres pays européens. Le site slovène gamehobbies vous donne les règles, au cas où vous en auriez besoin en slovène. “Ce jeu nécessite une supervision minime d’un adulte et aucune préparation. Un adulte ou un enfant est désigné pour s’appeler “Simon” et sera le leader qui donnera des instruction au reste des joueurs. Les commandes doivent commencer par le terme “Simon pravi…” par exemple, lorsque le maître du jeu dit : “Simon a dit : sautez”, tous les joueurs doivent effectuer l’action. Mais ils devront ignorer toutes les instructions qui ne commencent pas par l’introduction “Simon pravi…“. Les joueurs trop lents à exécuter l’ordre de Simon ou qui exécutent l’ordre sans qu’il n’y ait eu d’introduction seront hors jeu jusqu’à la prochaine manche. Le gagnant est l’enfant restant, bien que plus d’un enfant peut être déclaré vainqueur s’ils se sont particulièrement distingués dans la maîtrise du jeu”. Maintenant vous avez les règles complètes !
Croatie – Serbie – Bosnie-Herzégovine – Monténégro – Kosovo

Jakov kaže…
En Croatie, Serbie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro et au Kosovo – en fait, dans presque tous les pays des Balkans – ‘Jacques’ semble se prénommer ‘Jacob’ ! Le jeu “Jacques a dit…” est en effet traduit par “Jakov kaže…”. Il est difficile de dire pourquoi Jacob y est le nom du maître de jeu. Tout comme en Turquie, il pourrait bien être tout simplement d’origine religieuse, étant donné que Jacob est un personnage central dans la plupart des textes sacrés, y compris la Bible hébraïque, le Nouveau Testament, le Talmud, le Coran, et l’Écriture bahá’íe. Jacob est reconnu comme un prophète qui a reçu l’inspiration de Dieu. Certains commentateurs disent d’ailleurs que le nom de Jacob vient du verbe śārar (“gouverner, être fort, avoir de l’autorité sur”), ce qui donne la signification au prénom de “Dieu gouverne” ou “Dieu juge”. Cela fait sens dans la perspective du jeu de “Jacques a dit…”
Bulgarie – Macédoine du Nord

Вълшебната думичка…
Les Bulgares ont un équivalent du jeu “Jacques a dit…”, où il se traduit simplement par Saĭmŭn kazva…” (‘Саймънказва…’). Mais ils ont aussi un jeu similaire et plus populaire appelé “Le Magicien des mots” (‘Вълшебната думичка’). Avant de commencer une partie, les joueurs désignent “le magicien des mots”. Il ou elle doit se tenir au milieu d’une pièce et tout le monde doit s’asseoir en cercle autour de lui/elle. Puis le magicien commence à donner rapidement des ordres aux autres participants comme par exemple, apporter un verre d’eau, ouvrir ou fermer la fenêtre, en disant quelque chose de gentil aux autres participants. Mais voici la magie: la commande doit être respectée seulement si le maître du jeu ajoute les mots “s’il vous plaît.” Si le magicien dit : “Nadia : ferme la porte!”, Nadia ne doit pas exécuter l’ordre. Mais si le maître du jeu dit : “Nadia, s’il te plaît, ferme la porte !”, Nadia doit fermer la porte, sinon elle sera exclue du jeu. La version bulgare est en quelque sorte une version polie de “Jacques a dit…”
Albanie

Arta thotë…
C’est assez incertain de dire que le jeu “Jacques a dit…” soit joué dans les cours de récréation albanaises. Ce qui est certain cependant, c’est le fait que le prénom de “Jacques” a été traduit en albanais par “Arta” par le Programme d’intervention précoce dans son manuel d’éducation à utiliser durant l’école d’été pour les enfants atteints de trisomie 21 ! Nous pouvons sans doute deviner que le traducteur a simplement choisi comme équivalent à “Jacques” le nom d’une célébrité albanaise, Arta Bajrami, une chanteuse albanaise très populaire parmi le jeune public en Albanie, au Kosovo, au Monténégro et en Macédoine du Nord. Arta est également connue sous le surnom de La Reine albanaise du R&B, parce qu’elle a été l’une des premières chanteuses à introduire le style R&B au public albanais. Cela lui confère en tout cas le titre de la seule représentante féminine de cette liste !
Grèce

Ο Σάιμον λέει…
Nous y sommes enfin ! La Grèce. Mais le jeu “Jacques a dit…” n’est malheureusement qu’une transposition de la version anglaise où “Ο Σάιμον λέει…” n’est qu’une simple traduction de l’anglais “Simon Says...”. Dans le riche folklore grec, nous aurions aimé pouvoir jouer à “Panayotis dit …”, “Apostolis dit…” ou “Polychronis dit…” (oui, oui, ce sont bien des prénoms grecs !) Mais nous aurons finalement à faire avec un simple “Simon” pour faire le job. Réconfortons nous donc en lisant quelques ordres que l’on peut entendre en jouant avec des enfants grecs : “Ο Σάιμον λέει: να πιάσεις το γόνατό σου” (“Simon a dit : attrapez votre genou”), “Ο Σάιμον λέει: να βάλεις το χέρι σου στο αυτί σου” (“Simon a dit : mettez votre main sur votre oreille”), “Ο Σάιμον λέει: να πιείτε νερό” (“Simon a dit : buvez de l’eau “) ou enfin, un ordre très utile si vous voulez faire d’une pierre deux coups : “Ο Σάιμον λέει: να πλύνετε τα πιάτα” (“Simon a dit : lavez la vaisselle”).
Turquie

Yakup dedi ki…
Tout comme dans les pays des Balkans, “Jacob” ou, en turc, “Yakup” mène le jeu et instruit les autres enfants sur ce qu’ils doivent faire, ou non. Pourquoi Jacob? Du fait du prophète Jacob, qui est reconnu comme étant l’un du patriarche de l’Islam et de la même foi monothéiste que son ancêtre Ibrahim. Jacob est décrit dans le Coran comme étant plein de ressources et doté d”une grande vision. On dit de Jacob que sa “voix dit la vérité qui doit être entendue”. En plus d’être une figure centrale dans la plupart des textes sacrés, y compris la Bible hébraïque, le Nouveau Testament ou le Talmud, Jacob est mentionné 16 fois dans le Coran et la plupart du temps, sous la forme de “Jacob a dit”. Il n’est donc pas surprenant que son nom ait inspiré le rôle du maître de jeu dans la version turque de “Jacques a dit…”.
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