Bouche-trous européens

“Europe, ce matin, je pense à toi comme un enfant qui se réveille.”

Charles Plisnier

Il arrive parfois que vous ne parvenez plus à mettre un mot sur quelque chose. Il arrive aussi parfois que vous ne vous connaissez tout simplement pas le nom d’un objet. Que faites-vous dans ces cas-là ? Vous utilisez une bouche-trou bien sûr ! Les Européens sont particulièrement inventifs dans ces moments-là et ont développé beaucoup de mots étonnants et parfois complètement loufoques. Sauriez-vous deviner qui a bien pu inventer “Oojamaflip” et “Thingamabob” ? Quel pays remplace les mots inconnus par “Duppeditt” et “Snurrepipperi” ? Qui a bien pu en arriver à imaginer “Riistapuu” ? Quel est le problème avec “Hogyhívják” ? EuropeIsNotDead avait déjà enquêté sur les tics de langages que les Européens utilisent pour combler un silence lors d’une conversation. Il est maintenant temps de découvrir ce qu’ils disent quand ils ne se souviennent pas d’un mot ou ne savent pas le nom d’un objet…

Portugal

Coiso – Cena

Les Portugais se comportent parfois comme des Schtroumpfs et remplacent tous types de mots par le bouche-trou “coiso“. Le mot “cena” est également souvent utilisé. Dans la culture populaire, le verbe “coisar” remplace tous les verbes qui ne reviennent pas à la mémoire de quelqu’un qui parle. “Coiso” est en fait la forme masculine du “coisa“, qui signifie “chose” sans être un vrai mot, et est utilisé pour nommer tout et rien en même temps. Donc, un peu comme en français, “chose” a mille et une utilisations dans la langue portugaise. Le mot a été popularisé par Gato Fedorento, un présentateur de télévision. Il vient de l’argot en portugais brésilien, principalement utilisé par les jeunes. Au Brésil, en particulier dans le Nord, “coisas” est en fait synonyme d’organes génitaux

Espagne

Chisme – Cacharro – Cosa – Trasto – Comosellama

En espagnol, “chisme” peut être utilisé pour tout objet dont le nom est inconnu ou ne vient pas rapidement à l’esprit, un peu comme en français avec ‘truc’. Un synonyme de “chismo” est “trasto” et signifie approximativement la même chose. “Cacharro” est un dispositif ou un bidule, dont le sens est similaire à “chose” ou “machin” et désigne un outil dans la cuisine ou dans le garage. “Cacharro” peut aussi signifier un morceau de ferraille, comme une vieille voiture en panne. À ne pas confondre avec le mot espagnol qui désigne un chiot, “Cachorro“. Tout comme en anglais avec le bouche-trou ‘Whatchamacallit‘, les Espagnols peuvent également utiliser le bouche-trou “Comosellama” pour désigner tout et rien à la fois. Enfin, le terme péjoratif “Bicho“, du latin “bestius“, est utilisé pour un animal d’une espèce inconnue – mais attention, à Porto Rico, il signifie aussi “pénis” !

France

Truc – Machin – Bidule – Chose

Vous pensiez que les Français connectaient tout avec la sexualité ? Vous pourriez bien avoir raison en fait ! Le bouche-trou français “truc” le plus courant a été initialement utilisé dans l’argot français pour désigner ce qui ne pouvait pas être nommé : le racolage ou la prostitution. Louis Aragon (1897-1982) écrivait déjà dans son Roman inachevé, les versets suivants: “Demoiselle de Sarrebrück, Qui descendais faire le truc, Pour un morceau de chocolat“. On dit aussi que “Truc” dérive également du verbe “truquer” qui a le même sens que le verbe anglais “trick”. Quant au mot «bidule», il vient de l’argot militaire pour désigner quelque chose en désordre. Il vient probablement d’un mot dialectal qui signifie “boue”. “Machin” vient naturellement du mot “machine”. Certains de ces bouche-trous peuvent être combinés en plusieurs variations, avec “truc” pouvant être associé à “muche” sans donner beaucoup de sens: “Machin-Chose”, “bidule-truc-muche” sont des combinaisons communes.

Islande

Hlutur

Le bouche-trou islandais le plus répandu est le mot “Hlutur“. Il provient du vieux norrois “hlutr“, du proto-germanique hlutiz, qui serait apparenté avec l’anglais “lot”. Il est l’équivalent en sens de “bidule”, “truc” ou “machin”. Comme vous l’aurez deviné, il n’est pas facile de trouver des bouche-trous islandais. Si vous avez d’autres bouche-trous en islandais, s’il vous plaît, n’hésitez pas à les partager.

Royaume-Uni – Irlande

Gizmo – Thingamajig – Whatchamacallit – Whatsitsname – Thingamabob – Doohickey – Oojamaflip

“Passe-moi ce whatchamacallit et un peu de ces doohickeys pour que je puisse joindre ce thingamabob avec ce thingamajig là-bas!” Les anglophones ont tellement de bouche-trous possibles pour les objets dont ils ne parviennent pas à se souvenir du nom qu’il est difficile de tous les lister. Tous sont assez drôles et ont étymologie incroyable ! “Whatchamacallit” est en fait une version abrégée de “comment puis-je l’appeler” (“What you may call it“). C’est également un célèbre barre chocolatée ! De même pour “thingamajig” qui est une forme élargie du mot “thing” qui a été utilisé pour la première fois dès 1751 ! Un autre bouche-trou “thingamabob” a inspiré en 1942 la chanson “The Thing-Ummy Bob” qui célèbre les travailleurs à la chaine de la Seconde Guerre mondiale qui fabriquaient des composants complexes pour les armes durant la guerre ! Le bouche-trou “Doohickey” est apparu en 1914, d’origine incertaine, mais probablement fabriqué à partir de “doodad” (“machin”) et “hickey”. La même chose pour “oojamaflip” dont les origines restent encore aujourd’hui un mystère…

Norvège

Dings – Dingseboms – Greie – Duppeditt – Snurrepipperi – Krimskrams

Pourquoi donc les bouche-trous norvégiens nous rappellent tant les chansons de Mary Poppins ? Chaque fois que vous ne vous souvenez pas comment nommer quelque chose en norvégien, il suffit de tenter les mots “dings”, “dingseboms” ou “greie” et vous rendrez votre interlocuteur heureux ! Ils veulent tous dire “bidule”, “machin” et peuvent être vraiment utiles. Les Norvégiens utilisent aussi le mot “duppeditt” pour dépeindre un petit objet, souvent inutile. “Snurrepipperi” (presque toujours au pluriel) est similaire à “duppeditt“, généralement utilisé pour désigner quelque chose de légèrement bizarre ou fantaisiste. Enfin, les Norvégiens ont aussi un bouche-trou inspiré par les Allemands, le mot “Krimskrams” (presque toujours au pluriel) pour désigner un tas d’articles petits et bon marché. Mary Poppins, on vous disait…

Suède

Sak – Grej – Pryl – Mojäng – Grunka – Grunkimojs – Grejs – Tjofräs

Le suédois est peut-être la langue la plus appropriée pour les bouche-trous ! Les bouche -trous les plus courants sont “grej”, “pryl”, “mojäng/moj” (du français “moyen”) et “grunka“. Ce sont des mots neutres du même type que “chose”. Certains bouche-trous au pluriel sont “grejsimojs”, “grunkimojs”, “grejs” et “tjofräs”, qui correspondent à “machin”, et le mot d’emprunt à l’anglais des jeunes ‘stuff’, qui se prononce toutefois à la suédoise, avec un ‘u’ bien du pays!  “Apparat” (ou, plus argotique, mackapär) se réfère plus particulièrement à un appareil complexe, un peu comme l’allemand “Gerät“. Plus familièrement ou en exprimant ouvertement leur faible intérêt, les gens utilisent parfois “tjafs” ou “trams” (balivernes) et “skräp” ou “krams” (âneries). “Vadhannuhette” et “vaddetnuhette” correspondent à l’anglais “whatshisname” et “whatchamacallit“, sauf que les Suédois les utilisent au passé. “Det där du vet” signifie “ce que vous savez”. “Gunk” peut enfin se référer à une grande quantité d’objets indéterminés, un peu comme ‘junk‘ anglais.

Finlande

Hilavitkutin – Mikälie – Juttu – Systeemi – Tilpehööri – Höhä – Sälä

Les Finlandais sont inventifs quand il s’agit de créer des bouche-trous… “Hilavitkutin“, le bouche-trou technique le plus répandu est utilisé pour les objets et les machines qui correspondent à des “dispositifs liés à un réseau”. Un bouche-trou idiosyncratique finlandais est “mikälie” ou “mikä lie”, littéralement “tout ce (que cela) peut être”. Il utilise la forme verbale finlandaise de “lie” ou “lienee“, qui veut dire “ça l’est probablement”. “Juttu” a pour la signification littérale une “affaire criminelle”, “un cas de justice”, mais peut se référer à pratiquement tout type de chose inanimée. D’autres bouche-trous génériques dans l’usage familier sont “systeemi” (‘système’), “homma” et “hommeli” (‘truc’, ‘chose’).. “Tilpehööri” dérive phonétiquement du suédois “tillbehör” suédois (“ce qui est inclus”), et peut se référer notamment à de très petits objets, comme par exemple ceux que l’on retrouve souvent dans de petits sacs en plastique, nécessaires pour monter des meubles (oui… la culture IKEA). Les “Tilpehööri” sont clairement utiles et nécessaires à faire quelque chose. Les petits objets inutiles ou obscurs sont appelés “höhä” ou “sälä”.

Danemark

Dims – Dingenot – Dimsedut – Huddelifut – Himstregims – Himstregimst – Tingest

Les Danois n’ont pas eu à aller loin pour inventer leurs bouche-trous. Ils ont juste écouté leurs voisins allemands qui répétaient en permanence le mot “Dings” et ils se sont dits : “cela doit vouloir dire quelque chose… Essayons donc simplement d’utiliser la traduction approximative en danois du mot “dings“, ce qui rend “Dims“, et nommons tout ce dont nous ne parvenons pas à identifier avec ! Si ça a marché pour les Allemands, aucune raison que ça ne marche pas pour nous !”. Mais les Danois ne se sont pas arrêtés là dans le vol systématique du bouche-trou de leur voisin : ils ont juste développé toute une gamme avec ! Voilà comment “dingenot“, “dimsedut” et “dibbedut” sont apparus… Heureusement, ils ont aussi pensé à d’autres bouche-trous, tels que “huddelifut“, “himstregims“, “himstregimst“, “tingest“, “sager” et “grej“.

Pays-Bas

Dinges – Jeweetwel

Une question : est-ce que Lord Voldemort, le méchant dans Harry Potter, était en fait néerlandais? Ce pourrait bien être le cas, car les Néerlandais ont ce drôle de bouche-trou “Jeweetwel“, qui signifie littéralement “vous savez bien quoi” et est, selon sa définition “une façon de décrire une personne, un phénomène ou un bien, sans prononcer son nom. Il peut-être utilisé pour remplacer un mot qui est explicitement et culturellement tabou ou répréhensible et ne peut pas être désigné par son vrai nom”. Ce n’est toutefois pas le bouche-trou Néerlandais le plus répandu, qui est en fait “dinges” (dérivé du “Ding” allemands, “chose”), utilisé pour les objets et personnes, et parfois transformé en un verbe (“dingesen“). Le diminutif de “ding“, “dingetje” (“petite chose”) sert de bouche-trou pour les objets lorsqu’il est utilisé avec un article, et pour les personnes lorsqu’il n’y a pas d’article.

Belgique

Dinges – Jeweetwel – Truc – Machin – Bidule – Chose – Dings – Dingsbums – Dingsda

La Belgique est un pays avec beaucoup de spécificités linguistiques… Outre les trois principales langues du pays – le flamand, le français et l’allemand – l’on peut entendre presque toutes les langues dans la capitale européenne. Il est donc plutôt utile de connaître quelques bouche-trous avant d’arriver à Bruxelles : vous pourriez en avoir besoin ! Si vous rencontrez un Flamand, “Dinges” et “Jeeweetwel” devraient faire l’affaire. Mais si vous tombez sur un francophone, préférez plutôt le “Truc” ou le “machine” passe-partout dans la conversation ! Il y a moins de chances de rencontrer des Belges de langue allemande, mais si c’est le cas, souvenez-vous simplement du bouche-trou “Dings“. Vous êtes maintenant fin-prêt à faire face à toutes les situations en Belgique !

Allemagne – Autriche – Suisse

Dings – Dingsbums – Dingsda – Dingens – Kram – Krimskrams – Krempel

L’Allemand arbore également une belle palette de bouche-trous. Certains, comme en anglais, contiennent l’élément “Dings“, “Dingens” (aussi “Dingenskirchen“), “Dingsda“, “Dingsbums” et donneraient en français “truc”. Les bouche-trous “Kram“, “Krimskrams” et “Krempel” s’emploient pour désigner un tas de petits objets aléatoires, par exemple, un tiroir non trié rempli de bibelots et souvenirs. Dans un registre légèrement plus élevé, “Gerät” s’emploie pour divers artefacts, ou, en allemand plus décontracté, pour se référer à un objet de taille remarquable. “Zeug” (comparer à “Dings” qui pourrait davantage se traduire librement par “choses”) fait généralement référence à un tas d’éléments aléatoires qui est une nuisance pour celui qui parle, ou une substance innombrable, souvent un médicament. Enfin, “Sache“, en tant que bouche-trou, décrit un événement ou une condition. Un terme générique utilisé surtout quand le locuteur ne peut pas trouver le nom exact. Il est également utilisé de manière familière dans les énumérations, comme pour et cetera, avec “Schlag-mich-tot” (littéralement “achève moi”).

Italie

Roba – Coso – Affare – Aggeggio 

Allez, plongeons innocemment dans les stéréotypes ! Vous vous trouvez dans un bus italien et vous écoutez une longue conversation. À un certain point, les intervenants se tournent vers vous et engagent la discussion. En tant qu’étranger parlant très mal l’italien, vous avez peur de ne pas être en mesure de suivre le flux de mots et vous avez peur de ne pas connaître certains mots italiens… Vient alors la magie des bouche-trous vraiment utiles qui vous sauveront la vie ! En italien, les bouche-trous pour les objets inanimés sont “roba” (littéralement “truc“), “coso” (lié à “cosa“, “chose”), “affare” (littéralement “affaire”) et “aggeggio” (“dispositif” ou “gadget”). Si vous souhaitez avoir l’air un peu vintage, vous pouvez même utiliser “Vattelapesca” (“va le chercher”) : il était autrefois très utilisé pour les objets rares ou peu communs, mais est maintenant tout à fait obsolète. Bon à savoir aussi : le verbe “cosare” est parfois utilisé comme bouche-trou pouvant remplacer tout autre verbe.

Tchéquie

Toto – Tentononc – Udělátko – Bazmek – Hejble

Une façon de garder votre dignité et de cacher votre ignorance de la langue tchèque est d’utiliser un bouche-trou. En tchèque, il existe plusieurs bouche-trous pour designer des choses inconnues comme “toto“, “tentononc“, “udělátko“, “bazmek“, “hejble“, etc. Le mot tchèque “basmeg“, équivalent de “machine”, est en fait un emprunt au hongrois, qui signifierait en anglais “F ** k it!” Mais ce n’est pas un mot vulgaire en tchèque étant donnée que de nombreux Tchèques ne savent pas le sens original en hongrois. Il est également intéressant de noter que le bouche-trou tchèque “toto” est le même mot que pour le personnage français des blagues pour enfants. Enfin, et moins original, les mots “udělátko” et “hejble” veulent tous les deux dire “gadget”.

Slovaquie

Oné – Tento – Konina – Kravina – Bazmek

“Balivernes!” Les Slovaques ont de nombreuses expressions imaginées à partir de l’équivalent du mot “balivernes”. Ils peuvent également utiliser de manière familière des dérivés de noms d’animaux de ferme tels que “Konina“, “kravina“, “volovina“, “somarina” etc … , ou des mots obscènes, dérivés de noms désignant des organes génitaux tels que “kokotina“, “chujovina” ou “pičovina“. Cependant, les bouche-trous slovaques les plus répandus sont “one” (à l’origine, un pronom indéfini) ou “tento” (à l’origine, un pronom défini) qui peuvent être utilisés aussi bien pour des objets ou des gens. “Dzindzík” est utilisé comme bouche-trou pour des elements et parties de divers dispositifs. Il est souvent utilisé de manière interchangeable avec “bazmek” (dérivé du hongrois “meg de baszd” qui signifie “fuck it”) et peut également être utilisé pour se référer à des appareils entiers. “Hovno s makom” (“de la merde avec des graines de pivot”) est un bouche-trou pour la nourriture généralement utilisé après que quelqu’un ait demandé ce qu’il y a à manger.

Pologne

To coś – Cudo – Dynks – Wihajster – Ten Teges

Ach, diese Deutschen“! Ils ont influencé toute l’Europe avec leurs bouche-trous “Ding”. Les Polonais de la région de Wielkopolska ont construit le bouche-trou “dynks” à partir de lui. Il est également largement en usage dans la région de Silésie où il s’écrit “dinks“. Mais les Polonais ont aussi un bouche-trou amusant : “wihajster” qui s’inspire de l’allemand “wie heißt er?” et qui veut dire “c’est quoi son nom ?”. Outre ces bouche-trous, l’usage le plus frequent en polonaise est celui de “Cos” (qui signifie littéralement “ce quelque chose”), “cudo” (“miracle”), et un bouche-trou général “ten teges” ou, plus souvent encore “ten tego” (‘ceci’), qui devient souvent un tic de langage. Il y a aussi d’autres termes, tels que “elemelek“, “pipsztok” ou “psztymulec“, mais ils sont beaucoup moins fréquents. Sont également utilizes “dzyndzel” (équivalent à “dynks”) et “knefel” (pour designer un objet inconnu qui peut être ajusté ou manipulé).

Lituanie

Dáiktas – Dalỹkas

Les Lituaniens revivifient la vieille querelle philosophique entre les tenants du concret et ceux de l’abstrait. Pour les objets vraiment concrets dont ils ont oublié le nom, ils utilisent le bouche-trou “dáiktas” ce qui veut dire quelque chose comme “truc”. En revanche, pour les idées abstraites et conceptuelles qu’ils ne peuvent pas nommer, ils utilisent plutôt le bouche-trou “dalkas“. Si vous avez d’autres bouche-trous en lituanien, s’il vous plaît, n’hésitez pas à les partager.

Lettonie

Manta – Lieta – Uzparikte

“Manta” est un bouche-trou letton classique pour quelque chose que vous ne pouvez pas définir avec un meilleur mot, soit parce qu’il n’y a pas encore de nom, soit parce que vous ne vous souvenez pas du mot. Tout comme en lituanien, “manta” est principalement utilisé pour des objets concrets. Pour des concepts plus abstraits, les Lettons utilisent le mot “Lietà“. “Uzparikte” est un autre bouche-trou que les Lettons utilisent pour un dispositif aléatoire ou une chose mécanique qu’ils ne peuvent pasdéfinir clairement. Les Lettons peuvent ainsi dire: “Kas tā par uzparikti?” – qu’est-ce que c’est ? (pour un dispositif). Si vous avez d’autres bouche-trous en letton, s’il vous plaît, n’hésitez pas à les partager.

Estonie

Asjandus – Riistapuu – Mis-ta-n’d-oligi – See lugu – Jutt – Asi

Il n’est pas facile de trouver des bouche-trous estoniens, mais il y en a certainement beaucoup. Le bouche-trou le plus répandu est peut être “Asjandus” qui signifie approximativement “machin-chose”. “See lugu” est également très utilisé et signifierait en français “cette histoire”. Les Estoniens disent aussi “Jutt” quand ils ne peuvent pas donner un nom à quelque chose. “Asi” serait l’équivalent de ‘truc’ en français. “Mis-ta-n’d-oligi” signifierait enfin quelque chose comme “comment vais-je l’appeler ?” Si vous avez d’autres bouche-trous en estonien, s’il vous plaît, n’hésitez pas à les partager.

Biélorussie

штука (štuka) – штуковіна (štukovina) – штукенция (Shtukentsiya) – это самое (Eto samoje) – ботва (botva) – фигня (fihnia) – хреновина (Chrienovina) – бред (Bried)

Il existe quelques bouche-trous biélorusses intéressants. Les plus courants sont peut-être “Штучкі” (“Stücki” pour “chose”), “штуковіна” (“štukovina” pour ‘truc’) ou “штукенция” (“Shtukentsiya“). En Russie, on retrouve parmi les bouche-trous les plus répandus “это самое” (“cet [objet] particulier”), “ботва” (“botva“), “фигня” (“fihnia” pour “impuretés”) “хреновина” (même sens que la précédente, mais un peu moins offensif, liée… à la sauce au raifort), et “бред” (“bried” pour ‘absurde’, ‘mensonge’). Un terme pour désigner quelque chose de maladroit, d’encombrant et d’inutile est “бандура” (“bandura“, un ancien instrument de musique ukrainien, grand et peu pratique à transporter)…

Ukraine

я́к його́ (ják johó) – я́к її́  (ják jijí) – я́к їх  (ják jix)

Les Ukrainiens ont quelques bouche-trous qu’ils utilisent pour désigner les choses quand ils ne peuvent pas se souvenir de leur nom propre. “Як його” (prononcé “Ják Joho“), au masuclin, signifie à peu près “machin”. La forme féminine est “як її” (prononcé “Ják Jiji“) et peut être utilisée pour une chose non spécifique, inconnue ou oubliée. Il existe enfin une forme plurielle “як їх” (prononcé “ják jix“). Si vous avez d’autres bouche-trous en ukrainien, s’il vous plaît, n’hésitez pas à les partager.

Roumanie – Moldavie

Chestie – Cutare – Cum-îi-zice – Nu-știu-ce – Cine știe ce – Un din-ăla – Drăcie

Les Roumains seraient-ils de lointains cousins des Britanniques ? Ils partagent en effet le même genre de bouche-trous ! Il y a par exemple les bouche-trous “cum-îi-zice” ou “cum-se-cheamă” (“comment ça s’appelle”) qui seraient en français les équivalents de “machin”. Il y a aussi “nu-știu-ce“, qui signifie “je-ne-sais-quoi”, et “cine știe ce” pour “qui-sait-quoi”. On peut également désigner des choses inconnues avec le bouche-trou “un din-ăla” ou “o-din-aka” signifiant “une de ces choses”. Le bouche-trou pour les objets les plus communs serait toutefois “chestie“. “Cutare” peut être utilisé à la fois pour des personnes et des choses. Enfin, “Drăcie” (“la chose diabolique”) est un nom fictif pour les objets (mais la nuance péjorative n’est pas diabolique, il peut simplement suggérer la méconnaissance ou la surprise). Une forme plus emphatique posée comme une question est “ce drăcia dracului ?” (“qu’est-ce cette chose diablement diabolique ?”).

Hongrie

Izé – Micsoda – Hogyhívják – Miafene – Bigyó – Miafasz – Készség

Les Hongrois jouissent également d’un grand nombre de bouche-trous. Ils ont par exemple “micsoda” (“qu’est-ce”), “hogyhívják” ou “hogyishívják” (“qui-sait-quoi”), “miafene” (“qu’est-ce-diable”), “bigyó” (“truc”), “miafasz” (en anglais “what-the-fuck”, littéralement “what-the-dick”). La langue hongroise a aussi cette spécificité du motizé“, un vestige de l’ancien patrimoine ouralien, qui permet de dériver pratiquement toute catégorie grammaticale (“izé” + nom, adjectif, adverbe ou verbe). C’est un mot très utile à connaître, mais attention, en argot “izé” prend souvent une connotation sexuelle. Le mot “cucc” a une signification et une utilisation similaire et est habituellement traduit par “choses”. Des objets plus complexes tels que des appareils électroniques, et en particulier des articles de fantaisie, pourraient être remplacés par “készség“.

Slovénie

Stvar – Reč – Oné – Uno Tisto – Seveda

Il existe trois principaux bouche-trous slovènes “stvar“, “reč” et “oné“, qui signifient tous approximativement “truc”. Ils peuvent être utilisés à la fois pour des choses abstraites et concrètes. “Oné” est utilisé pour toute chose sans nom et peut également servir à désigner péjorativement et volontairement une personne anonyme. C’est le même mot que celui utilisé en Slovaquie. Il peut être remplacé par “Uno tisto“, ce qui signifie “ceci là-bas”, où “uno” (la version formelle étant “ono“) signifie “Plus loin” et “Tisto” – “ceci”. Il y a encore “Seveda” qui est simplement une compilation des mots “se ve, da” et se traduirait par “tout le monde sait [de quoi il s’agit]/nous savons/c’est connu comme…” Pour finir les Slovènes ont aussi le drôle de mot “Jajca” qui signifie littéralement “testicules” et peut simplement designer n’importe quoi: plus une chose est irritante ou agaçante, plus elle est “jajca“…

Croatie – Serbie – Bosnie-Herzégovine

Sokoćalo – Džidžabidže – Zvrčka – Stvarčica – Hepek

Le bouche-trou serbo-croate “sokoćalo” est utilisé pour les dispositifs mécaniques dont on ne connaît par l’utilité. Au contraire, “džidžabidže” est utilisé pour les petits objets dont on connaît l’utilité mais qu’on ne sait tout simplement pas nommer. Deux autres bouche-trous croates auraient la même signification que le mot français “machin-chose” : “Zvrčka” et “Stvarčica “. En Bosnie-Herzégovine, Top lista nadrealista, qui serait traduit en français Le classement des Surréalistes, était un programme télévisé de comédie et de variété à Sarajevo de 1984 à 1991. Pendant cette période, les comédiens avaient pris pour habitude d’utiliser le mot “hepek” comme bouche-trou pour désigner tout objet ou personne. Il est rapidement devenu le bouche-trou de référence en Bosnie…

Albanie

Gjësend – Vegël – Vegël pa emër

Oui, c’est possible ! C’est possible de trouver des bouche-trous albanais! Peut-être le plus commun serait “gjësend” qui serait littéralement traduit par “joyeusetés” mais avec pour sens “machin”, “chose” ou “machin-chose”. “Vous voulez autre chose ?” ou plutôt devrions-nous dire en utilisant le bouche-trou dans son contexte “Doni gjësend tjetër ?” Les Albanais peuvent aussi utiliser le mot “vegël” qui veut dire à peu près “gadget”, “outil” ou “ustensile”. Ils peuvent aussi utiliser le synonyme “Vegël pa emër“.

Bulgarie

такова (Takova) – таковата (Takovata) – джаджа (Džadža)

“Un tel” bouche-trou est agréable… Les Bulgares utilisent en effet le mot “tel” en tant que bouche-trou pour désigner tout objet inconnu : “такова” (“takova“) ou “le tel” “таковата” (“takovata“). Il peut être utilisé à la place d’un nom, et “таковам” (“takovam“) en tant que verbe. Ce dernier peut souvent avoir des connotations obscènes, mais il n’est généralement pas considéré comme profane. Pour l’équivalent de ‘truc’, les Bulgares préfèrent “джаджа” (“Džadža“). Si vous avez d’autres bouche-trous en bulgare, s’il vous plaît, n’hésitez pas à les partager.

Macédoine du Nord

џиџе (džidže) – џиџи-миџи (džidži-midži) – ваквото (vakvoto) – таквото (takvoto) – речи-го (reči-go)

En Macédonien “џиџе” (“džidže“) désigne généralement un petit objet, et ” џиџимиџи” (“džidži-midži“) plusieurs. Les Macédoniens ont également les bouche-trous suivants : “ваквото” (“vakvoto“), “таквото” (“takvoto“), “онаквото” (“Onakvoto“) (le “comme ça, comme ça”), “речиго” (“reči-go” qui signifie “dis-le”), “оваона” (“ova-ona” qui veut dire “ceci et cela”), et “вамутаму” (“Vamu-Tamu” pour “ici et là”). Bien sûr, tous les bouche-trous mentionnés ci-dessus ne sont pas utilisés officiellement.

Grèce

μαραφέτι (Maraféti) – μαντζαφλάρι (Mantzaflári) – μηχάνημα (Michánima) – Αποτέτοιος (Apotetoios)

Vous comprenez le grec? Grand bien vous en fasse ! Mais maîtrisez-vous le assez pour en connaître ses bouche-trous ? En grec, le bouche-trou le plus répandu pour un objet inconnu peut être “μαραφέτι” (“maraféti“), qui signifie à peu près “machin” et désigne également un mécanisme complexe ou bien pensé. Pour l’équivalent de “chose”, mieux vaut utiliser “μαντζαφλάρι” (“mantzaflári“). “Gadget” serait mieux traduit par “μηχάνημα” (“michánima“). Le bouche-trou grec “μπλιμπλίκι” (“bimplikia“) est utilisé pour les objets assez complexes. Enfin et surtout, il faut aussi prendre en compte que officieusement, la plupart des bouche-trous sont improvisés, dérivés de pronoms, comme “Αποτέτοιος” (“apotetoios“) (“bidule” ou “machin-bidule”).

Turquie

Şey – Uğur – Falan – Filanca – Falan filan – Ivır zıvır – O şey dedi – Zımbırtı – Zamazingo 

Les Turques ont de nombreux bouche-trous colorés. “Falan” semble être empruntés de l’arabe, et se décline en variantes comme “filanca” (“quel est son nom”) et “falan filan” (“trucs”). “Zıvır ivir” est un bouche-trou répandu pour “diverses choses”. En outre, d’autres mots comme “zımbırtı” et “zamazingo” sont utilisés de façon similaire à “gadget”, mais ne sont pas nécessairement liés à la technologie. “Sey” signifie “chose” et est utilisé familièrement pour un objet ou une action que la personne a oublié. “şey dedi…” (littéralement “Il a dit “chose”,…”) peut être utilisé au lieu de “Il a dit que… “. Il peut également être utilisé comme un euphémisme à la place d’un verbe. “Sey yapmak istemedim” (“Je ne voulais pas “chose””) peut signifier “je ne voulais pas en faire un problème”.

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