Pologne – Le Dragon de Wawel


Après une longue période de paix et de bonheur dans le pays de Krakus, un problème survint dans la zone entourant la colline du château. Les bergers qui gardaient leurs troupeaux paissant dans les prés fertiles des rives de la Vistule avaient des difficultés pour rassembler leurs animaux le soir, à l’heure du retour au bercail. La plupart du temps, plusieurs animaux manquaient.
Un sentiment de panique s’étendit dans la Cité lorsque des êtes humains commencèrent à disparaître de la même mystérieuse façon. De plus en plus souvent, les personnes parties seules chercher de l’eau ne rentraient jamais au logis et on restait sans nouvelles d’elles.
Pendant un long moment, personne ne parvint à trouver une explication à ces évènements étranges, jusqu’à ce qu’un jour, un petit apprenti-cordonnier de Cracovie, vint près de la Vistule ramasser des branches de saules. Car outre la cordonnerie, il confectionnait des paniers et on lui avait indiqué cet endroit pour recueillir de belles tiges. Il faisait son chemin à travers les buissons et cassait les tiges les plus longues et flexibles.

Soudain, les buissons s’éclaircirent et le garçon aperçut une vision effrayante. Sur la rive, on voyait des tas d’ossements blancs et un peu plus loin, dans la roche abrupte de la colline du Wawel, apparaissait une ouverture sombre qui semblait conduire vers une grotte. A proximité de cette entrée, se réchauffant aux rayons du soleil, il y avait un immense dragon d’aspect terrifiant. Son corps était couvert d’écailles vertes et jaunes et d’immenses griffes recourbées prolongeaient ses pattes.

Le petit apprenti fut saisi d’une telle peur qu’il en fut un moment pétrifié, regardant fixement l’animal. Alors, soudain, le dragon cracha du feu et de la fumée. Le garçon retrouva quelque force et, abandonnant ses branchages, il se mit à courir vers sa maison. La nouvelle de la découverte du cordonnier se répandit dans toute la région et parvint au roi Krakus qui convoqua un Conseil avec ses plus vaillants chevaliers afin de déterminer ensemble comment délivrer la Cité de ce dragon.

On tentait d’expliquer comment le dragon était arrivé à Cracovie à l’aide de multiples suppositions. Certains affirmaient que le courant de la rivière l’avait amené.
D’autres soutenaient qu’il était sorti du cœur de la terre, hypothèse qui semblait illustrée par la mystérieuse grotte dans la colline.

Il y avait un point, en tout cas, sur lequel tous étaient d’accord : le monstre devait être tué aussi vite que possible.

Aussi, le jour suivant à l’aube, selon les ordres de Krakus, trois chevaliers, célèbres par leur courage, se rendirent à la demeure du dragon. Le Roi et sa cour attendirent leur retour toute la nuit ; en vain.
Le lendemain, Krakus envoya ses messagers dans toute la région, afin d’avertir la population du danger et d’annoncer que la personne courageuse qui parviendrait à débarrasser  la Cité de ce monstre – qu’il soit chevalier ou manant – épouserait la ravissante fille du roi et recevrait la moitié du royaume.
L’annonce circulant jusque dans les pays voisins, bientôt de nombreux princes et chevaliers se précipitèrent à Cracovie, attirés non seulement par la récompense, mais aussi par pour acquérir la gloire et l’honneur. Hélas, la plupart d’entre eux perdirent la vie dans le combat inégal avec le monstre.

En conséquence, Krakus décida de combattre le dragon lui-même. Il mit une armure faite de l’acier le plus dur et choisit une longue épée pointue. Cependant, ses préparatifs furent interrompus par un domestique qui annonça au Roi qu’un jeune garçon insistait pour lui parler. Krakus le fit entrer et fut stupéfait de voir un humble gringalet à cheveux blonds, à la mine sereine. Le visiteur fit une révérence maladroite et déclara que, bien qu’il ne fût qu’un petit cordonnier, il se proposait pour aller tuer le dragon. Il demanda au Roi de lui donner juste un agneau qu’il tua et dépeça ; il le remplit de soufre et recousit la peau. Au crépuscule, il s’approcha de la grotte du dragon devant laquelle il déposa l’agneau.

Au matin, aux premiers rayons du soleil, un grand bruit se fit entendre dans la ville et les environs.

C’était le cri du dragon qui avait avalé avec avidité l’appât. Le souffre commençait à brûler ses entrailles et afin d’apaiser sa terrible soif, il se précipita vers la Vistule et but tant d’eau qu’il éclata en mille morceaux.
Les habitants étaient submergés de joie. Krakus tint sa promesse et bientôt le magnifique mariage de la princesse avec le petit cordonnier eut lieu.

Pendant la célébration, le jeune couple fit une offrande à la Vistule, en jetant de nombreux joyaux dans ses eaux. La rivière accepta les cadeaux et plus jamais aucun monstre ne vint troubler la paix et le bonheur à Cracovie.

La grotte dans laquelle le monstre avait habité est maintenant connue comme « la grotte du dragon » et peut être vue dans la partie sud-ouest de la colline du Wawel.

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