Islande – Le Villageois et son Chat


Il était une fois un vieillard et sa femme qui vivaient dans un chalet sale et vétuste, pas très éloigné du magnifique palais où habitait le roi et la reine. En dépit de l’état misérable de leur logis, que beaucoup de gens disaient en trop mauvais état pour que même un cochon y vive, le vieillard était très riche, car il était très avare, et pouvait ne pas manger pendant plusieurs jours plutôt que d’échanger une de ses pièces d’or bien-aimées.

Un jour vint où il constata qu’il s’était affamé une fois de trop. Il tomba malade et n’eut pas assez de force pour se rétablir. Il mourut en quelques jours, laissant seuls sa femme et son fils.

La nuit qui suivit sa mort, le fils rêva qu’un homme inconnu lui apparut pour lui dire : “Écoute-moi bien ; Ton père est mort et ta mère va bientôt mourir, et toutes leurs richesses t’appartiendront. Comme la moitié de la richesse de ton père a été mal gagné, tu devras rendre aux pauvres ce qu’il leur a prit. L’autre moitié, tu devras le jeter à la mer. Regarde, cependant, lorsque l’argent coule dans l’eau, si quelque chose flotte, attrape-le et garde-le pour toi, même s’il ne s’agit là pas plus que d’un bout de papier”.

Alors l’homme disparut, et le jeune se réveilla.

Le souvenir de son rêve le troubla évidemment énormément. Il ne voulait pas se séparer de la richesse que son père lui avait laissée, car il avait connu toute sa vie le froid et la faim, et il pouvait à raison espérer maintenant un peu de réconfort et de plaisir. Pourtant, il était honnête et de bon cœur, et si son père avait injustement amassé ses richesses, il ne pourrait alors jamais l’apprécier à sa juste valeur. Il se décida donc à faire comme l’homme le lui avait prescrit. Il partit à la recherche des personnes les plus démunies du village, et dépensa la moitié de son argent à les aider, il conserva l’autre moitié dans sa poche.

Il se dirigea alors sur un rocher près de la mer et jeta le reste à l’eau. Durant un moment, il ne vit plus rien, et chanceux aurait été celui qui aurait pu dire où l’argent avait coulé, car il ne restait plus rien, sauf un petit morceau de papier flottant à la surface de l’eau. Il étira donc soigneusement le bras et réussit à l’atteindre. En l’ouvrant, il trouva six shillings enveloppés à l’intérieur. C’était maintenant tout l’argent qu’il avait au monde.

Le jeune homme se leva et regarda pensivement. “Eh bien, je ne vais pas faire grand chose avec cela”, se dit-il, “Mais, après tout, six shillings vallent bien mieux que rien”, et il les glissa donc dans son manteau.

Il travailla à son jardin les semaines suivantes, et lui et sa mère réussirent à survivre grâce aux fruits et aux légumes qu’il leur donnait, puis elle mourut elle-aussi subitement. Le pauvre jeune homme se sentit très triste quand il l’étendit dans sa tombe, et, c’est avec le cœur lourd qu’il erra dans la forêt, sans savoir où il allait. Lorsqu’il commença à avoir faim, il vit une petite cabane près de lui. Il frappa à la porte en demandant s’il pouvait avoir un peu de lait. La vieille femme qui lui ouvrit lui supplia d’entrer, ajoutant avec bienveillance, que s’il voulait un logement pour la nuit, il pourrait rester ici sans rien lui coûter.

Deux femmes et trois hommes étaient au souper quand il entra, et ils lui firent place silencieusement face à eux. Quand il eut fini de manger, il commença à regarder autour de lui et fut surpris de voir un animal assis près du feu, un animal vraiment différent de tous ceux qu’il avait déjà jamais vus auparavant. Il était de couleur grise et pas très grand; Mais ses yeux étaient grands et très brillants, et il semblait chanter de manière étrange, tout à fait différemment de tous les animaux de la forêt.

– Quel est le nom de cette étrange créature ? demanda-t-il.

Et ils répondirent :

– Nous l’appelons un chat.

– Je voudrais l’acheter, si ce n’est pas trop cher, dit le jeune homme; Ce serait une compagnie pour moi.

Ce à quoi ils répondirent qu’il pourrait l’avoir pour six shillings. Le jeune homme sortit son précieux papier, remit les six shillings, et le lendemain matin, il faisait ses adieux, le chat allongé confortablement en haut de son manteau.

Pendant toute la journée, ils erraient dans les prairies et les forêts, jusqu’à ce qu’ils trouvent une maison. Le jeune homme frappa à la porte et demanda au vieillard qui l’ouvrait s’il pouvait rester ici pour la nuit, ajoutant qu’il n’avait pas d’argent pour payer. “Ce n’est pas un problème”, répondit l’homme qui le conduisit dans une chambre où deux femmes et deux hommes étaient assis pour souper. Une des femmes était la femme du vieillard, l’autre sa fille. Il posa le chat sur l’étagère de la cheminée, et tous se pressèrent pour examiner cette bête étrange. Le chat se frotta contre eux, tendit la patte et miaula. Les femmes en furent enchantées, et lui donnèrent tout ce qu’un chat pouvait manger, et beaucoup plus encore.

Après avoir entendu l’histoire du jeune homme, et comment il n’avait rien d’autre au monde que son chat, le vieillard lui conseilla d’aller au palais, à quelques milles de distance, et de prendre conseil auprès du roi, qui était gentil avec tout le monde, et serait certainement son ami. Le jeune homme le remercia et dit qu’il suivrait volontiers ses conseils. Le lendemain matin, il partit pour le palais royal.

Il envoya un message au roi pour le prier de le recevoir en audience et il reçut rapidement une réponse qui l’invitait à entrer dans la grande salle, où se trouverait Sa Majesté.

Le roi était au dîner avec sa cour quand le jeune homme entra, et il lui fit signe de se rapprocher. Le jeune homme s’inclina, et observa avec surprise la multitudes de petites créatures noires qui couraient au sol, et parfois même sur la table ! Les créatures étaient si audacieuses qu’elles arrachaient des morceaux de nourriture du plat du roi, et s’il les chassait, elles essayaient de lui mordre les mains, de sorte qu’il ne pouvait jamais manger sa nourriture.

– Quel genre d’animal est-ce là ? demanda le jeune homme à l’une des dames assises près de lui.

– Nous les appelons des rats, répondit le roi, qui avait entendu la question, et depuis des années, nous essayons de les éliminer, mais c’est impossible. Ils entrent même dans nos lits.

A ce moment, quelque chose vola dans les airs. Le chat était sur la table et, en deux-trois mouvements, il empila un grand nombre de rats morts devant lui. On entendit ensuite des bruits de pas rapides, et en quelques minutes, la salle fut vidée de ses rats.

Pendant quelques minutes, le roi et ses courtisans se regardèrent avec étonnement.

– Quel genre d’animal peut faire de tels tours de magie ? lui demanda-t-il. Et le jeune homme lui répondit qu’il s’appelait un chat, et qu’il l’avait acheté pour six shillings.

Et le roi répondit:

– Puisque tu m’as apporté de la chance, en libérant mon palais de la peste qui me tourmentait depuis de nombreuses années, je vais te donner le choix entre deux choses. Je te propose soit de devenir mon premier ministre et de gouverner avec moi, soit de marier ma fille et de régner après moi. Dis-moi quel est ton choix ?

– La princesse et le royaume, déclara le jeune homme.

Et il en fut ainsi.

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(trad: EuropeIsNotDead)

 

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